Serez-vous prêt à réserver un repas sans savoir où il aura lieu ?
Sans savoir qui sera l'invité mystère ?
Ou pour un repas qui vous plongera dans le passé ?
En plus des cours de cuisine et des prestations à domicile,
c'est ce type d'événement qu'aime organiser mon invité.
Il a exercé plusieurs années dans différents établissements avant de se lancer à son compte.
Il a grandi parmi les poêles et les casseroles.
Aujourd'hui, c'est Romuald Chevalier qui s'assoit à la table de saveur.
Serez-vous ?
Bonjour.
Bonjour.
Bienvenue dans Saveur.
Merci.
Tu es chef cuisinier, défenseur des produits locaux et de celles et ceux qui les cultivent,
fondateur de Rendez-vous en cuisine,
l'entreprise qui regroupe tes différents projets et rendez-vous culinaires.
Avant de piocher un premier mot,
peux-tu nous présenter le concept de Rendez-vous en table inconnue ?
Je suis parti sur une idée de trouver un endroit improbable.
C'est souvent mes clients qui m'appellent pour me dire
« J'ai un endroit, j'ai ce petit corps de ferme, j'ai un vieux moulin. »
Le but, il est de créer une table et mettre cette table là-bas.
De savoir si je suis capable, à l'heure d'aujourd'hui, de pouvoir faire la cuisine là-bas
ou d'emmener en caisson.
Mais d'emmener mes invités dans une aventure,
on va dire un petit peu improbable.
On est surtout dans un endroit où on se dit « Jamais de la vie, on va manger ici. »
Moi, j'ai toute une liste de lieux à te proposer.
C'est extraordinaire. Je suis à la recherche.
C'est vrai ? On en parle après l'émission.
Mais déjà, je trouve le concept fabuleux.
Les gens s'inscrivent ? L'annonce est faite sur les réseaux ?
Ils sont sur une liste.
J'ai un réseau maintenant qui est assez conséquent.
Les gens me font confiance.
J'ai toute une liste d'attente.
J'appelle les gens pour dire « Telle date, il va y avoir un rendez-vous en table inconnue. »
Ils sont disponibles ou pas ?
Les gens s'inscrivent.
Je pars entre 15 et 20 personnes, pas plus,
parce que je veux vraiment que ce soit quelque chose d'un intimiste.
Ils ont l'adresse la veille.
Je ne fais pas beaucoup de kilomètres non plus.
J'essaie de trouver ça dans un rayon autour de Talmont, les sables.
Mais le but, il est de surprendre.
Vraiment.
Et les gens suivent.
Les gens viennent.
Et c'est souvent les mêmes.
C'est souvent les gens qui ont commencé à goûter ce concept
qui se disent « Où est-ce qu'il va nous emmener le prochain coup ? »
Et ils invitent leurs amis, j'imagine ?
Oui.
Alors, c'est ça.
Moi, je travaille beaucoup sur le bouche-à-oreille
parce que c'est la meilleure des publicités.
Ils sont contents du concept.
Ils vont en parler.
Les gens vont s'inscrire.
Ça va être des bons cadeaux.
J'ai des gens qui sont inscrits déjà depuis un an.
OK.
Voilà.
Et j'ai des gens aussi qui font aussi leur anniversaire
et qui ont réuni un groupe
et ils laissent carte blanche pour trouver l'endroit.
Même eux ne sont pas au courant.
On peut le faire ça.
On peut faire ça.
Par exemple, j'ai une quinzaine d'amis.
Voilà.
Et je dis « Je t'appelle. »
Je te dis « Voilà. »
J'aimerais un truc insolite.
Carte blanche.
Même moi, je vais être surpris.
Je vais me débrouiller pour trouver.
OK.
Tu as donc quelques lieux en réserve dans tes poches.
Oui.
Quelques cartes à sortir.
J'en ai qui ont super bien marché, qui ont surpris les gens.
Ces endroits-là existent toujours et je peux toujours avoir la possibilité de le faire.
On peut citer un ou deux lieux, par exemple, où ont eu lieu ces derniers rendez-vous ?
Alors, le premier que j'ai fait, j'étais au jardin de Corinne.
C'est une femme qui fait de la permaculture du côté de Gros-Breuil.
Et les gens ont mangé dans la serre.
C'est-à-dire qu'ils ont eu une balade autour du jardin au départ.
Et ils ne savaient pas du tout où ils allaient manger.
Et la table était dressée parmi les légumes dans cette serre.
Je l'ai fait dans une cabade finlandaise à 8 mètres au-dessus de la mer, sur les falaises de Jarre.
C'est une dame qui possédait cet endroit.
Et là, j'ai pu mettre 10 personnes qui étaient des privilégiés, avec un temps magnifique.
Voilà.
Je l'ai fait dans une vieille cave à l'île d'Olonne.
J'ai eu un coup de chance énorme.
J'avais la tour Eiffel qui était à côté, en plus, qui est restée tout l'été.
Et les gens ne savaient pas du tout.
C'est la commune qui avait racheté cette cave.
Tout est resté à l'identique.
Donc, j'ai fait faire toute une visite.
Après, il y a pas mal de surprises.
C'est ça, c'est plus qu'un repas aussi.
Il y a un rendez-vous.
Il y a un rendez-vous, il y a une visite.
Il y a une visite.
Et il y a le repas.
Il y a de l'humain aussi, parce qu'il y a les gens.
Il y avait un saunier qui était là.
Il y avait une chef pâtissière qui était venue m'aider pour le concept.
Et à chaque fois, c'est des histoires.
Il n'y a pas que moi.
Il y a d'autres histoires qui sont racontées.
Et quand c'est moi tout seul, j'essaie de meubler par rapport à tout ça.
Et dernièrement, c'est dans une cabane de chasse.
Je suis dans une petite forêt.
Je suis dans une cabane de chasse.
Et les gens ne savaient pas du tout où ils allaient.
C'est ça qui est marrant.
Ils connaissent le menu ?
Ah non, ils ne connaissent rien.
Rien du tout ?
Rien du tout.
Donc, on s'inscrit.
Un an à l'avance.
Ça peut être un an à l'avance.
Ça peut être un an à l'avance.
Un jour, soit un peu de fil.
Voilà.
Et on reçoit l'adresse la veille.
Ouais.
Et on se donne rendez-vous.
Et c'est parti.
Ou alors, il faut aimer ma page Rendez-vous en cuisine sur Facebook.
Ouais.
Et là, je vais mettre, par exemple, qu'il reste, mettons, cinq places sur le futur dîner qui va arriver.
Mais si rien ne se passe, c'est que tout est complet, tout est réservé.
Comment est venue l'idée ?
Je ne sais pas vraiment.
Je suis à la recherche de choses comme ça.
Le dîner, la table de mes amis, c'est un autre concept que j'ai.
On va être sur une époque.
Le rendez-vous en table inconnue, on est sur un lieu.
Et le dîner que je fais, c'est une personne.
Je veux qu'à chaque fois, il y ait une histoire différente.
Il y a un invité différent, un lieu différent.
Je veux des histoires à chaque fois.
Voilà, c'est ça.
Il faut que ça raconte une histoire.
Très important.
Alors, comment on associe la cuisine ?
Parce que là, pour le coup, c'est aller au-delà de la cuisine.
Et pour le coup, la cuisine reste centrale dans ce projet-là.
La cuisine est centrale puisque mon métier, c'est cuisinier.
Voilà.
Je pense qu'autour d'une table, beaucoup de choses se passent.
Beaucoup de décisions ont été prises.
Beaucoup d'aventures ont été prises autour d'une table.
Donc, cette table, elle est importante.
Les repas de famille.
Tout le monde fait un repas de famille.
Tout le monde a des belles nouvelles,
a des choses qui vont surprendre à ce moment-là.
Et moi, ce que je veux, c'est le décor autour.
Quand vous êtes invité chez des gens que vous ne connaissez pas,
il y a une personne qui est là,
qui a une jolie histoire à vous raconter,
il va vous la raconter à table.
Eh bien, moi, je vais faire venir cette personne.
Vous allez être privilégié par rapport à ça.
Mais ça peut être tout domaine.
La peinture, la sculpture, le sport.
La musique.
La musique, bien sûr, tout ça.
Mais ce n'est pas non plus que des gens connus.
Ça peut être aussi quelqu'un qui a une histoire incroyable à raconter.
Oui, oui.
Le saunier.
Le saunier.
La dernière fois, c'était la magie.
J'ai eu une écrivaine.
J'ai eu un chanteur.
Enfin, j'ai à chaque fois quelqu'un qui a une jolie histoire.
Et ce qui est bien, c'est que mes clients dialoguent avec lui,
posent des questions.
Le but, il n'est pas qu'il fasse qu'une prestation.
Il est là pour manger avec mes clients.
Oui, il y a une bulle, en fait.
Il se passe.
Il se passe.
C'est un temps suspendu.
Bien sûr.
Il a lieu une fois.
Un lieu, une personne, des rencontres, un repas.
Voilà.
Voilà.
Et puis, après, il faut attendre un autre rendez-vous, un autre moment.
Mais en tout cas, ces moments sont uniques.
On pourrait dire que tu es créateur de moments uniques.
Oui.
J'aime ramener les gens dans leurs souvenirs.
J'aime qu'ils se rappellent de ce moment.
C'est-à-dire, il y avait tout, quoi.
Il y avait le repas.
Il y avait la personne.
On a rencontré des gens.
Parce que l'alchimie est aussi extraordinaire.
Des gens qui ne se connaissaient pas une heure avant,
qui se retrouvent autour d'une table.
Ils partent.
J'ai l'impression que c'est des amis.
Ça, c'est vrai.
Parce que quand on réserve une table au restaurant,
on y va en famille, on y va entre amis,
on y va entre professionnels.
Mais on ne s'assoit pas à la table des autres.
Non.
Voilà.
Alors que là, il y a ça.
Là, il y a aussi, je dirais, dans le menu,
il y a aussi la rencontre avec les autres invités,
avec les autres convives de la table.
Tout à fait.
Et il n'y a qu'une seule table.
Je mettrai deux tables.
Ah ben non.
C'est fini.
On va revenir à ce que vous venez de me dire.
L'alchimie ne va pas...
Là, c'est vraiment une seule table.
Très bien.
On va piocher un premier mot.
Il y a une boîte avec un sticker Saveur dessus.
Voilà.
Je le rappelle pour les auditeurs,
ce sont deux boîtes devant l'invité.
Une qui contient plutôt des aliments
et une autre qui est plutôt liée
à l'univers de l'alimentation,
de la gastronomie,
des techniques de cuisine.
Alors, la pistache.
La pistache, ça va me rappeler ma maman.
Elle faisait pas mal de choses avec la pistache
parce que je pense, moi,
que l'enfance est très importante.
C'est des goûts,
c'est des saveurs,
c'est des lieux.
Et ma maman travaillait beaucoup la pistache.
Alors, je la travaille.
J'essaye.
J'ai fait un foie gras, la pistache.
J'ai fait pas mal de choses.
Et c'est chaque fois que je travaille la pistache,
j'ai une pensée pour elle.
Voilà.
Et le souvenir,
le souvenir de la pistache ?
C'était sur un cake.
Elle travaillait ce cake
et j'avais cette odeur qui était là
et ce goût vraiment particulier.
Et elle adorait faire ça.
Elle était pas très forte en pâtisserie,
mais ça, elle le faisait réellement bien.
Un cake à la pistache ?
Un cake à la pistache.
OK.
Et ça, ça fonctionne.
À chaque fois, l'odeur, elle revient,
elle est là.
C'est fou.
Oui, oui, oui.
C'est impressionnant.
Est-ce que d'en parler,
l'odeur arrive ?
Je vais me revoir entrer dans cette cuisine
et avoir cette odeur.
Et je savais qu'elle le faisait.
OK.
Et aujourd'hui,
comment toi, tu cuisines la pistache ?
Je vais pas essayer de la copier
parce que c'est pas facile
de revenir sur quelque chose.
Mais moi, j'essaye de la mettre un petit peu.
Alors, c'est quelque chose
d'assez particulier à travailler,
mais moi, j'aime bien.
J'aime bien.
Le foie gras,
c'était vraiment intéressant.
La pistache,
cet intérêt-là,
c'est qu'on la retrouve dans du sucré,
mais on la retrouve dans du salé.
Les gens peuvent penser
à une glace à la pistache,
peuvent penser aussi
à la pistache dans une terrine.
Voilà.
Ou dans du foie gras.
Et c'est vrai que la pistache,
je trouve que c'est un aliment
qui est un peu...
Qui est un petit complément
avec un goût très particulier,
mais qui s'accommode
avec le reste.
C'est très, très bien.
Et il y a une texture aussi.
Elle apporte un croquant
et elle apporte un goût
dans un plat.
Elle apporte un goût.
C'est vraiment le goût
qui est très important.
La pistache.
On a parlé de ta maman,
mais j'ai cru comprendre
que tes parents
et tes grands-parents
étaient également restaurateurs.
Oui.
J'ai eu la chance
un petit peu de grandir.
Alors mes parents,
mes arrières-grands-parents,
mes grands-parents
et mes parents
étaient hôteliers restaurateurs
à la Tranche-sur-Mer.
Donc moi,
je suis tombé dedans
tout petit.
Je courais dans les cuisines.
Voilà.
Et j'étais chef
dans cet hôtel-restaurant
en 89.
Voilà.
pour la dernière saison
de mes parents.
Donc je suis vraiment
bercé dedans.
Et tu donnes aujourd'hui
des cours à domicile aussi.
Quelle est l'importance
de la transmission pour toi ?
Alors quand je vais chez les gens,
d'abord les gens sont
beaucoup plus détendus.
Je donne des cours à la Tranche
aussi pour une association
où là j'ai eu 15 personnes.
Ce n'est pas pareil.
Par contre,
quand vous êtes chez vous,
vous êtes vachement plus détendus.
Vous êtes dans votre cuisine,
dans votre cocon.
C'est moi l'intrus.
Et j'essaye de faire
une cuisine facile,
une cuisine de technique,
d'organisation
et surtout beaucoup d'échanges
avec mes clients.
Je vais rapporter des choses,
des plantes,
des choses.
Je vais faire goûter
en permanence
des choses à mes clients
et en essayant
de les faire parler
pour que cette magie,
le jour où ils font un repas,
opère.
Voilà.
Donc il y a une transmission.
Il y a une transmission,
bien sûr.
Il y a une transmission.
Par contre,
je ne peux pas
aller donner un cours de cuisine
à quelqu'un qui n'a pas envie.
Quelqu'un qui n'aime pas la cuisine,
ça ne m'est pas arrivé souvent,
mais c'est compliqué
parce qu'on ne peut pas faire aimer
quelque chose
à quelqu'un qui ne l'aime pas.
Non,
alors comment on peut définir
la cuisine ?
Parce que autant,
il y a une pratique amateur,
personnelle,
et autant,
il y a une pratique professionnelle.
C'est quand même
deux pratiques différentes.
On ne peut pas,
je veux dire,
on ne vient pas non plus cuisiner
comme ça du jour au lendemain.
L'amour,
je pense que
n'importe quel métier,
quand on aime faire son métier,
on le fait merveilleusement bien.
Si on s'embête dans son métier,
mais quelle horreur !
Si demain,
je fais la cuisine
avec une tristesse,
mon assiette va être triste.
Elle sera fade.
Elle sera fade.
Voilà,
tout à fait.
Je voulais revenir un petit peu,
donc,
arrière-grands-parents,
grands-parents,
parents.
Aujourd'hui,
est-ce qu'on retrouve
un héritage de la cuisine
de tes parents,
de tes grands-parents
dans ta cuisine d'aujourd'hui ?
Les bases.
J'avais une grand-mère
qui n'était pas ma grand-mère
en restauratrice,
mais elle cuisinait beaucoup
les plats de chasse.
C'était une saucière extraordinaire.
Et elle,
quand je rentrais dans sa cuisine,
il y avait des odeurs
en permanence,
mais vraiment en permanence.
Il y avait toujours
quelque chose qui m'igiotait.
Et elle avait une façon,
et elle,
elle a appris toute seule.
Mon grand-père était chasseur
et elle a appris,
il fallait,
il fallait,
le gibier était là,
il fallait travailler.
Elle n'a jamais eu quelqu'un
qui lui a expliqué.
Et elle avait une cuisine
extraordinaire.
Voilà.
Et moi,
je prenais,
je m'inspirais énormément
de sa façon de faire à elle.
Donc,
on s'appelait souvent.
Ok.
Et moi,
je prenais ses recettes,
mais c'était des fois
jamais la même chose.
C'était,
un jour,
c'était ça,
le lendemain,
c'était autre chose.
Elle avait oublié un produit.
Enfin,
mais le résultat
était toujours merveilleux.
Il y avait 50 grammes de beurre,
le lendemain,
il y en avait 150.
Il n'y avait pas,
puis il y avait des ingrédients
qui n'étaient plus là.
Et je n'arrivais jamais
à faire comme elle
sur certaines sauces.
Et une fois,
j'ai eu un plat à faire
dans un restaurant
et malheureusement,
elle n'était plus là.
Et c'est là où c'est très important,
c'est que j'ai fait marcher
ma mémoire
par rapport aux odeurs,
par rapport au goût
que quand elle faisait.
Et c'est la seule fois de ma vie
où j'ai réussi
cette sauce extraordinaire.
Je l'ai réussi
sans l'avoir appelé.
C'était la seule fois.
Mais c'était en faisant
travailler ma mémoire
et en faisant étape par étape
que j'ai réussi.
On est plutôt sur des plats
du gibier plutôt ?
Alors là,
c'est pour cette expérience-là
puisque dans le restaurant
où j'étais,
il y avait souvent des chasseurs
qui venaient avec leur gibier
et qui voulaient
que je cuisine ce gibier-là.
D'accord.
Donc, c'était un liéval à la royale.
Donc, ce n'était pas non plus
quelque chose de facile à faire.
Non.
Mais sinon,
non, non.
Moi, limite,
mon travail un peu plus,
c'est plus le poisson.
On a quand même la chance
d'avoir des ports de pêche actifs
en Vendée
qui sont là.
Je travaille beaucoup ça
parce que les gens
ne cuisinent pas beaucoup le poisson.
Non, c'est vrai.
On en parle régulièrement
dans Saveur.
En Vendée,
on produit beaucoup.
Oui.
On produit de très bonnes choses.
Oui.
De très bons aliments
qui soient
animaux
mais aussi végétal
ou issus de la pêche.
Tu as des coups de cœur, toi ?
Tu as des aliments
un petit peu coup de cœur ?
Est-ce qu'il y aurait
un aliment
que tu aimerais
qui soit
mieux mis en avant
produit en Vendée
et mieux mis en avant ?
Tu trouves qu'il y a
un peu sous-coté ?
On parle beaucoup
de la mojette
et du jambon
mais on a tellement
d'autres choses.
La Vendée
est un département
où on n'a pas
des plats emblématiques.
Non, on n'a pas
de plats emblématiques.
On a des plats
qui sont extraordinaires.
Le jambon-mogette,
moi je le revisite
mais on a la gâche,
on a la brioche,
mais on n'a pas
des grands plats
comme le Périgord,
comme le site de la France
où on a assez ici.
Et pourtant,
on produit énormément.
Par contre,
on a des produits
d'excellence.
On a tout
au niveau de la terre,
au niveau de la mer.
On a vraiment
des produits d'excellence.
Après,
on les travaille
comme on a envie
de les travailler.
Mais je ne sais pas,
moi j'aime beaucoup
travailler la lotte.
Il y a plein de poissons
qui sont des poissons
un petit peu
le maigre.
Qu'est-ce que je pourrais dire ?
La vive.
Enfin, il y a beaucoup
de poissons.
Moi j'ai travaillé la vive
qui est quand même
un poisson qui n'est pas
non plus très agréable
à travailler
parce qu'avec cette arête dorsale
qui est là.
Mais cette chair
est succulente.
Moi je travaille beaucoup
les produits fumés aussi.
J'ai inventé
deux, trois petites choses.
Mais j'aime surprendre
avec des produits simples.
Ok.
On pourrait évoquer
la sardine à Saint-Gilles.
On pourrait évoquer
les crevettes.
La pomme de terre
de Normoutier.
Moi je trouve que c'est
un aliment qui suffit
à lui-même,
qui est juste fabuleux.
Bien sûr.
On produit dans
un banc de canard aussi.
on l'exporte beaucoup
pour des grandes tables
parisiennes.
On a eu l'occasion
toujours dans sa vente
de parler du canard
au sang.
Voilà.
Et des aliments comme ça
il y en a plein.
On produit de plus en plus
aussi d'agneaux,
de moutons en Vendée.
Bien sûr.
Un gigot d'agneaux
avec des flageolets.
On a fait beaucoup
de travail en Vendée
sur beaucoup de choses
et y compris le vin.
Oui c'est vrai.
Le vin a une place
très importante maintenant.
Les producteurs de vin
travaillent très bien.
franchement on peut être fier
de notre département.
En peu de temps.
Il y a eu une vraie révolution
viticole je trouve
en Vendée.
Ah oui.
En l'espace de 20 ans
il y a eu beaucoup de choses
qui se sont passées.
C'est d'ailleurs dans...
Je profite de l'émission
pour l'ancien appel.
Je souhaite recevoir
un viticulteur
dans les prochains épisodes
de Saveur.
J'ai quelques pistes.
On pourra en reparler aussi.
On pourra en reparler
parce que j'ai quelques noms
moi aussi.
Mais il y a des...
Voilà.
Ils font un travail remarquable
aujourd'hui.
Il faut aller retourner,
aller goûter
les vins vendéens.
Bien sûr.
Prenez-les à table.
Voilà.
C'est des très très bonnes choses.
On pourra en parler
je pense aussi
des heures et des heures.
Je vais t'inviter maintenant
à piocher un deuxième mot.
On va rester sur les aliments.
On va rester sur la même boîte.
Donc on a eu la pistache.
Je rappelle qu'on est avec
Romuald Chevalier
qui a fondé
Rendez-vous en cuisine.
Cours de cuisine à domicile,
des rendez-vous,
plein de choses.
Alors là,
c'est le jus de pomme.
Moi je préfère
mille fois le jus de pomme
au jus d'orange
par exemple.
On est sur quelque chose
de riche,
de bon.
C'est des...
De local.
De local.
Non mais il faut...
De local, c'est vrai.
Il y en a pas mal.
Et on peut travailler
pas mal de petites choses
aussi avec ça.
Moi le jus de pomme,
c'est mon enfance encore.
Mais c'est souvent l'enfance.
On va revenir là-dessus.
Oui, je pense que l'enfance
crée quand même
une base solide
dans notre construction
des saveurs
qui va nous suivre
un peu toute notre vie.
C'est le goûter
chez les grands-parents.
C'est ces petits moments-là
qui sont importants.
Si demain,
en tant qu'enfant,
on vous fait manger des choses,
je vais partir sur une endive
par exemple.
Voilà,
on n'a pas enlevé le cœur,
on a encore toute cette amertume
qui est là.
C'est mal cuisiné.
On va donner ça
à manger à un enfant
et on va le forcer
à finir son assiette.
C'est fini.
Jusqu'à la fin de ses jours,
l'endive,
c'est un traumatisme pour lui.
Donc,
il faut que
le moment de manger,
c'est un moment
de plaisir,
d'amusement
et on se sent bien,
c'est convivial.
C'est pour ça
que je donne des cours
aussi aux enfants
et là,
il y a une alchimie
qui est extraordinaire.
Je donne beaucoup de cours
à des enfants
parce que les parents me disent
ils ne mangent rien,
ils n'aiment rien.
Eh bien,
on va travailler
les produits qu'il n'aime pas
mais comme c'est lui
qui les a faits,
il va changer sa façon
de voir les choses.
Oui,
et puis après,
il faut l'avouer,
on en parle souvent aussi
mais la cantine
à l'école
ou au collège,
il y a du boulot aussi.
Il y a du boulot
et elle laisse
quelques traces,
quelques dégâts.
On cite souvent
par exemple
les épidars
alors que
quand j'en discute
avec les chefs,
les épidars
c'est quand même
un aliment
qui revient souvent
mais qui me disent
mais non,
c'est absolument pas
un aliment adapté
à la restauration collective
parce que c'est du travail,
c'est du travail.
Si on les prend en frais,
c'est du travail.
Dans une cantine,
c'est beaucoup de travail.
Voilà,
mais souvent,
il va être bouilli,
il va être cuit
mille fois de trop
et on va tout perdre
l'intérêt gustatif
de l'épidard.
Alors souvent,
l'épidard,
c'est quelque chose
de très fragile.
Bien sûr
et on parle des enfants
mais les personnes âgées,
ce n'est pas mieux.
Les EHPAD,
c'est compliqué.
Moi,
pour la semaine du goût,
je fais des choses au sable
dans les EHPAD
où je ramène
des produits
on revient sur ce que je disais,
on n'oublie pas
qu'on soit âgé ou pas.
À l'heure d'aujourd'hui,
il mange mal.
Pour moi,
il y a des endroits,
il mange mal.
S'il y a un chef de cuisine
et dans une EHPAD
ou dans une cantine,
c'est autre chose.
Mais on devrait garder ce plaisir.
C'est le seul plaisir.
On va regarder les apports
en énergie
et les menus,
souvent,
sont juste constitués comme ça.
On va dire,
bon,
il va falloir tant de glucides,
tant de lipides,
tant de machins.
Voilà.
Et après,
on va dire au cuisinier,
bon,
voilà les recettes qui sortent.
Finalement,
qu'est-ce qui est le plus important ?
Alors oui,
c'est important effectivement
d'avoir que les enfants,
que les personnes âgées,
que tout le monde
puissent avoir l'apport d'énergie
nécessaire
via l'alimentation.
Mais c'est quand même important
que ces moments-là
soient des moments
de plaisir
gustatif aussi.
Voilà.
Et on a un peu tendance
à l'oublier.
Alors après,
il y a aussi,
on va tout pasteuriser,
on va tout...
Voilà.
Et des fois,
ça peut avoir tendance aussi...
tout faire bouillir,
tout...
Il faut savoir aussi
que tous ces gens-là,
je prends par exemple au sable,
ils avaient des jardins,
ils mangeaient beaucoup de poissons,
ils avaient une alimentation...
Tout le monde avait un jardin,
c'était clair.
Et maintenant,
ben,
un peu tristouné,
quoi.
Donc,
moi,
quand j'arrive
et que j'apporte quelques produits
qu'ils n'ont pas vus depuis longtemps,
ben,
c'est...
Ouais.
Les souvenirs reviennent pour eux aussi.
Oui,
rien que de les voir.
Ouais.
Tu cuisines avec eux ?
Avec les personnes âgées ?
Non,
moi,
j'apporte...
Je fais...
De temps en temps,
on faisait des repas,
c'était un petit peu comme au restaurant,
mais à l'EHPAD.
Mais je fais aussi la semaine du goût,
c'est-à-dire que je vais leur faire plus
sur un côté 4 heures.
En milieu d'après-midi,
ils ne sont pas non plus d'accord
de manger du salé,
des choses comme ça,
donc on va partir plus sur du sucré.
Ok.
Avec un jus de pomme ?
Avec un jus de pomme,
parce que le jus de pomme est là,
et présent, bien sûr.
Aujourd'hui,
toi,
c'est quelque chose que tu cuisines,
tu disais,
le jus de pomme,
on le cuisine
ou il est simplement une boisson,
un complément d'un goûter ?
Alors,
il peut être comme ça,
il peut être aussi,
travailler un peu sous une forme de gelée
où on va s'amuser à le mettre
avec un dessert
et puis,
si je vais partir sur quelque chose,
un dessert autour de la pomme,
il aura son importance.
Tu as commencé à parler de fumée,
des produits fumés.
Moi,
j'ai entendu parler d'une huître fumée
aux aiguilles de pain.
Alors,
j'avais créé un concept
qui s'appelait
la parenthèse dans les marais.
Ça,
ça a été le premier concept
que j'ai créé
quand je me suis lancé.
J'ai rencontré un saunier
qui est devenu un ami,
un ami précieux
à l'heure d'aujourd'hui.
Il m'a fait découvrir son endroit
où il faisait son sel
et je suis tombé amoureux de l'endroit.
On est en plein hiver,
on est en plein mois de février,
c'est un petit peu hostile.
Tous les marais sont mouillés,
c'est-à-dire que sont recouverts d'eau
et j'ai dit,
on va faire un truc là,
on va faire un truc là.
On a fait ça pendant huit ans,
on avait une petite cabane en bois,
je dressais une jolie table dedans
et lui,
pour emmener le groupe,
alors c'était un groupe
de 16 personnes,
pas plus,
c'était sur réservation,
c'était privé,
avec une visite commentée
des marais avant
et je faisais manger les gens
à la chandelle
en pleine nature.
Et là,
j'avais les produits,
c'est-à-dire que j'avais
la zone ostréicole
qui était juste à côté,
j'avais pas mal de choses,
la forêt avec les pains et tout.
Et je suis parti sur l'idée
de faire une huître fumée
un peu comme une éclate de moule.
Oui.
D'accord ?
Sauf que je ne peux pas la réaliser
en mettant des aiguilles de pain dessus.
D'abord,
ça mettrait trop de temps
et je vais ouvrir l'huître
d'un centimètre
et c'est tout.
Donc,
j'ai créé un petit fumoir
où je fume mes huîtres fumées,
les huîtres sont ouvertes
et elles prennent juste ce qu'il faut.
Elles vont être crues,
mais avec un petit goût
d'aiguille de pain.
Donc,
je faisais ça devant mes clients,
le fumage se faisait devant eux
et ils avaient une huître de dégustation.
Voilà.
Et moi,
j'ai entendu parler d'un accord
avec une tranche de pain
recouverte de rillettes de porc aussi.
Oui.
Parce que,
vous savez qu'en Charente,
on marie les huîtres
avec des saucisses,
avec des choses comme ça,
mais des huîtres fraîches,
pas des huîtres fumées.
Donc,
j'ai gardé un petit peu ce concept-là
et je prenais une rillette de porc
de la ferme Beauregard,
c'est-à-dire la Fécochette
aux Essars
et je mariais
cette rillette
avec les huîtres.
Voilà.
On est complètement
dans l'accord terre et mer.
Tout à fait.
Tout à fait.
Un,
le début de bocage,
l'autre,
l'endroit où j'étais,
sur Talmont.
C'est ça aussi la Vendée d'ailleurs,
on a cette chance-là.
Bien sûr.
C'est qu'on a le bocage,
on a le littoral.
On a tout.
C'est vrai.
On a beaucoup de choses
pour bien manger.
Oui.
On a des jolis paysages.
On a des jolis paysages,
on a des producteurs
qui sont extraordinaires.
Il faut prendre un petit peu
plus de temps.
Alors,
pendant le confinement,
les gens se sont rués
sur les petits producteurs,
ce qui était extraordinaire.
Un peu moins maintenant.
Un peu moins maintenant.
On est revenu dans les habitudes.
Mais des fois,
à cinq minutes de chez vous,
vous avez un type
qui fait quelque chose
d'extraordinaire.
Moi,
j'en ai à peu près
45 qui travaillent avec moi.
J'ai sillonné toute la Vendée
avec ma petite deux chevaux.
Ça va d'Île-Dieu
à Saint-Mémin
jusqu'au Marais-Pouest-Vin,
jusqu'à Benay,
jusqu'à tout ça,
où j'ai des producteurs.
Alors,
on va profiter de l'émission.
Est-ce qu'il y aurait
un, deux, trois producteurs
que tu aimerais mettre en avant
ou que tu trouves
qui, pareil,
mériterait d'être plus connus ?
Il y en a plein.
Si j'en cite,
je vais en oublier certainement.
Mais je vous dis,
la fécochette,
c'est du porc bio.
C'est extraordinaire,
tout ce qu'ils font.
À Benay,
il y a le bon grain d'ivraie
au niveau de tout.
On a des céréales,
on a du quinoa en Vendée,
on a des lentilles,
on a tout ça.
Après,
il y en a plein,
plein, plein, plein.
Franchement.
Et on les retrouve sur ton site,
il me semble.
Oui,
il y en a qui sont sur mon site.
L'apiculteur de Talmond
est quelqu'un qui,
c'est le premier producteur
que j'ai rencontré.
C'est celui que j'ai raconté
mon histoire en disant
je veux partir là-dessus.
Et il m'a dit,
c'est une belle histoire
et je travaille beaucoup avec lui.
On a des producteurs
de miel par chez nous.
Et pourtant,
quand on va au supermarché,
on trouve des miels
qui arrivent de je ne sais pas d'où.
Quand on voit
mélange UE
et or UE,
alors qu'on a plein de producteurs
par chez nous.
Et des fois,
donc un miel
qu'on va retrouver
avec un coût
même supérieur
à ce qu'on va pouvoir trouver
au local.
Sans compter la triche,
sans compter tout ça.
Mais ça,
c'est un long débat là-dessus.
Moi,
je pense que
sur un producteur,
on est d'abord sur l'humain.
Si l'homme est honnête,
il ne peut faire
qu'un travail honnête.
On est bien d'accord.
Les apiculteurs,
ils font tous un boulot
vraiment du très beau travail.
Quand on a confiance
dans l'homme,
on peut y aller droit
dans les yeux
au niveau de son produit.
Oui.
C'est aussi
le fait de rencontrer
le producteur
et d'échanger avec lui
fait qu'effectivement,
on a cette confiance
qui s'installe
et on sait qu'il ne va pas
tricher
parce que sinon,
on ne va pas retourner vers lui.
Bien sûr.
Alors que quand on achète
en magasin,
on n'a pas forcément
cette relation avec le producteur.
Il y a la concurrence,
il y a tout ça,
mais après,
c'est à vous de choisir.
Vous savez,
dans les années 80-90,
on ne savait rien.
On ne savait rien.
On achetait les produits.
Maintenant,
on sait.
On sait ce qu'il faut prendre,
ce qu'il ne faut pas prendre,
ce qui est bon pour la santé,
ce qui n'est pas bon.
Et c'est à vous
de faire votre choix.
Est-ce que vous êtes capable
un samedi après-midi
de prendre votre voiture,
d'aller voir plusieurs petits producteurs,
de faire votre panier
et puis de revenir
et de vous dire
tous ces produits-là,
j'ai entièrement confiance en eux.
Ou alors,
on fait autrement,
mais on le sait.
C'est quelque chose
qui est évoqué
lors des repas,
lors des rendez-vous ?
Bien sûr.
Les producteurs,
cette envie ?
Vous savez,
c'est terrible
ce que je vais dire,
mais quand je suis chez les gens
et je leur dis
quand je vais ouvrir votre frigo,
je connais votre vie.
Oui.
Alors des fois,
non, non,
on ne ouvre pas.
Mais voilà,
non,
prenez le temps,
prenez le temps,
cuisinez en famille,
faites ça.
Je comprends qu'on a tous une activité,
on a tous une vie.
Il y a des enfants à s'occuper,
il y a le sport,
il y a tout ça.
Mais des fois,
de travailler un samedi après-midi,
de préparer pas mal de choses,
on se fait un petit peu de provision
pour la semaine
avec des menus qui vont être équilibrés
avec des choses comme ça.
Et ça...
On l'a compris,
on l'a dit déjà,
donc arrière-grands-parents,
grands-parents,
parents.
Aujourd'hui,
toi,
comment tu transmets à tes enfants ?
Alors mes enfants sont...
Mes deux enfants ne sont pas du tout
dans la restauration.
Mais ils cuisinent tous les deux.
C'est ça qui est magique.
Oui, voilà.
C'est ce que je disais,
il n'y a pas que la restauration.
Il n'y a pas que la restauration.
Il y a déjà le rapport
avec la libre.
Bien sûr,
mon épouse,
mon épouse est maître d'hôtel
dans un hôtel.
On est tous les deux dans la partie.
Ils ont grandi avec des parents
pas tout le temps là,
pas tout le temps là,
tous les deux.
Mais ils ont cette passion
pour la cuisine
de bien manger.
Le respect,
le respect de la gastronomie.
Bien sûr.
Et je suis fier que les deux,
les deux cuisinent très bien.
L'apprentissage du goût aussi.
Comment ça se passe ?
On fait goûter des choses ?
Ils sont là en cuisine
quand on cuisine à la maison ?
Bien sûr.
C'est très important
qu'ils soient présents
et qu'ils travaillent avec vous.
Enfin, qu'ils travaillent.
Il a le droit de ne pas aimer.
En aucun cas.
Mais par contre,
il a le droit de goûter.
Des fois,
il y a des a priori
parce que c'est vert,
parce que c'est machin.
Mais de goûter des fois,
on ne s'attend pas à ça.
On va se dire
je ne pensais pas
que ça avait ce goût-là.
Mais vous aviez raison.
L'école est terrible au départ
parce qu'on en a mangé
à l'école,
il n'y avait que ça.
Ce n'était pas bon
et on reste bloqué là-dessus.
Je trouve qu'aujourd'hui,
on doit reconnecter.
On a déconnecté un peu
un moment.
Moi, j'ai eu la chance
de vivre dans une maison
où il y avait un jardin,
où il y avait des poules,
où il y avait des oies,
où il y avait des lapins.
J'ai vu des lapins
se vider.
Voilà.
Et j'adore le lapin.
Mais on a besoin
de reconnecter.
Aujourd'hui,
on mange du porc à table
et il y a des cochons
dans les champs.
En fait,
on a un peu déconnecté
tout ça.
Alors pour la viande,
il y a un autre aspect.
Mais je trouve que c'est important
aussi de se dire
tiens, on va aller au marché,
on va aller acheter des légumes,
on va rentrer,
on va cuisiner
et on va manger après.
On ne va pas juste ouvrir
un plat
qu'on va faire échauffer.
Voilà.
Alors après,
la vie fait que certains,
oui,
le temps,
des parents qui courent,
qui sont peu présents
et voilà.
Mais on le sent après.
C'est comment on arrive
à reconnecter tout ça
avec l'aliment,
l'aliment pur,
l'aliment simple.
Où est-ce qu'il pousse ?
Comment de se dire
qu'une carotte,
ça a poussé dans la terre,
qu'on l'a nettoyée,
qu'il y a quelqu'un
qui s'en est occupé
et qu'elle arrive là
sur la table.
Et c'est tout ce travail
de reconnexion,
je trouve,
qui est important
aujourd'hui aussi.
Il se fait tout petit.
D'abord,
il se fait tout petit
et puis l'enfant
doit faire partie du jeu.
On va dans le jardin,
on lui explique,
on fait goûter les choses.
Il faut que ce soit un plaisir
tout en étant un jeu.
Il va faire la cuisine
avec vous,
il va apprendre.
Moi,
je conseille à mes clients
de prendre un vieux cahier
et puis de tout noter dedans.
C'est une bible.
Moi,
j'ai la bible
de mes deux grands-mères.
C'est un plaisir
à chaque page
que j'ouvre
pour découvrir
des menus
qu'elle avait fait
ou que le menu
n'est pas terminé
ou la recette
n'est pas finie.
Mais quelle richesse
de retrouver
toutes ces choses-là.
Ça, ça vaut de l'or.
Bien sûr.
Ça a une grande importance.
On a pioché deux mots.
On a pioché
la pistache,
le jus de pomme.
Il est l'heure
d'aller dans la deuxième boîte.
Je rappelle,
nous sommes avec
Rommel Chevalier,
rendez-vous en cuisine,
chef à domicile
et organisateur
d'événements
insolites.
Cru.
Ça revient à tout
ce qu'on vient de dire
depuis le début.
Il y a des concepts
où je ne peux pas cuisiner.
Donc,
je fais des repas froids
et j'essaye
de marier des goûts
sur peut-être
le côté authentique.
C'est-à-dire
faire goûter
les choses
crues
où les gens
n'ont pas du tout
ce rapport
avec la nourriture.
C'est magique aussi,
ça.
Alors,
il y a des périodes.
Faire ça en hiver,
moyen.
Mais par contre,
il fait très chaud.
Vous avez tous ces produits
qui sont là.
Vous allez les goûter.
Travailler,
bien sûr,
mais avec...
Eh bien,
on a une autre vision
des choses.
Qu'est-ce qu'on mange
de cru
dans un rendez-vous
avec toi ?
Beaucoup de légumes.
Oui.
Beaucoup de légumes.
Alors,
je ne suis pas très fan
de tout ce qui est poisson cru,
mais ça,
c'est moi.
Je ne veux pas le faire.
Je vais varier
un petit peu
dans tout ça.
Vous voyez ce que je veux dire ?
Mais c'est souvent
les légumes
parce qu'il y a des légumes
qu'on ne pense pas du tout
qui sont succulents crus.
On veut un exemple.
On veut un exemple.
On va partir
sur la betterave,
on va partir
sur tous les petits pois,
les fèves,
les plantes.
Moi,
je travaille beaucoup
les plantes et les fleurs.
Toutes ces choses-là,
d'abord,
il y a de la couleur.
Oui.
Il y a de la couleur.
Il y a ce côté,
si on est en plein mois de juillet,
on a ce côté juillet-août
d'été,
de richesse.
Mais je vous dis,
tout ce qui est plantes,
d'abord,
les plantes,
moi,
j'aime surprendre les gens
par rapport à certaines plantes
et puis les fleurs
parce qu'il y a beaucoup de choses
qui sont comestibles.
Mais tous ces produits-là,
c'est comme les champignons.
Quand on ne connaît pas,
on ne touche pas.
Donc,
il y a des choses qu'il faut...
Parce qu'il y a des fois
des similitudes.
Il y a des fleurs
qui peuvent se ressembler
et il y en a une qui peut...
L'ail des ours,
par exemple,
qui des fois,
les gens se trompent
un peu à ramasser.
Alors,
l'ail des ours,
ça pousse quasiment
en même temps que le muguet.
Le muguet est poison.
Alors,
le feuillage est quasiment
la même,
sauf que la fleur,
il y en a une,
c'est une clochette
et l'autre,
c'est une petite fleur blanche.
Mais c'est blanc,
pareil,
encore.
Et puis,
quand on touche,
il y en a un qui sent l'ail
et pas l'autre.
Mais il faut faire
très attention,
bien sûr.
Mais il faut apprendre.
Il faut apprendre.
Il faut qu'il y ait quelqu'un
qui soit là pour transmettre.
Bien sûr.
Mais je trouve ça important
de dire aussi,
attention,
n'allez pas non plus
cueillir n'importe quoi.
Il y a aussi
des plantes
qui sont dangereuses.
Moi,
je l'explique à chaque fois
qu'il ne faut pas se tromper.
Quand on ne connaît pas,
quand on a ne serait-ce
qu'un tout petit doute,
ça s'arrête.
On n'y va pas.
Est-ce qu'il y a d'autres personnes
qui t'ont influencé
dans ta cuisine d'aujourd'hui ?
J'ai travaillé à Lyon
avec Jean Fleury.
Jean Fleury,
c'était le bras droit
Bocuse à l'époque.
Alors,
j'étais dans une brigade,
ça porte son nom.
Mais j'ai vu
des choses extraordinaires,
vraiment.
Vraiment.
J'ai vu des choses
extraordinaires.
Est-ce que Lyon reste
la capitale de la gastronomie ?
Ça se bagarre un peu
avec Dijon,
mais je trouve qu'il se passe
quand même quelque chose
à Lyon.
Lyon,
pour moi,
reste.
Paris,
Paris récupère,
récupère les plus grands chefs.
Ils ont tous
un restaurant à Paris.
Mais Lyon,
ouais.
Aller faire un week-end
gastronomique.
Aller au Halle de Lyon,
aller dans les petits bouchons.
Chaque région de France
est extraordinaire.
C'est vrai.
On ne peut pas dire
qu'il n'y a pas un endroit
en France
où on mange mal
où la France
est extraordinaire pour ça.
Mais Lyon reste Lyon.
Alors, je suis peut-être un peu...
Je te rejoins.
Il se passe quelque chose.
Il y a eu cette personne-là,
il y a eu d'autres personnes
qui ont pu influencer
ta cuisine ?
Un peu tout le monde.
Moi,
je suis admiratif
de tout.
On a la chance quand même
en Vendée
d'avoir des belles tables.
On a pas mal d'étoilés.
Moi, autrefois,
il n'y en avait qu'un
et maintenant,
il y en a plusieurs.
On a la chance
d'avoir un 3 étoiles
en Vendée.
C'est le seul de la région.
C'est le seul de tout l'Ouest.
C'est très bien.
C'est très, très bien.
Moi, j'y ai été deux fois.
Donc, on peut citer
la marine
Alexandre Pouillon
à l'herbeau-Guiar.
C'est extraordinaire.
Quel moment ?
Quel moment ?
Tout le monde est unanime.
Pour les gens
qui sont passés là-bas,
c'est au-dessus.
Il s'est à part.
C'est à part.
Mais il le mérite.
Il le mérite.
Mais tous les autres
sont bien.
Il n'y a pas de...
Vous savez,
en aucun cas,
je critique qui que ce soit.
Moi, je suis admiratif
de tout ça.
J'ai ma façon
de voir les choses.
J'ai ma façon
de cuisiner.
J'ai mon concept à moi.
Mais quel bonheur
d'avoir tous ces prodiges.
Mais la marine
reste la marine.
Pour moi,
je ne dis pas ça
parce que c'est aussi
un enfant des sorbets
que je sors des sorbets.
Mais non,
il mérite énormément
tout ce qu'il a.
Comment on quitte
l'univers des brigades
pour ensuite être
chef solo ?
Aujourd'hui,
tu es tout seul.
Oui.
Je ne pense pas
que j'aurais fait
toute ma carrière
dans une brigade.
Ce n'est pas...
Ce n'est pas
ce qui se correspondait.
Pas du tout.
L'enfo pour tout le monde.
Pas du tout.
C'est très important.
C'est très important
de voir,
de comprendre.
Je ne regrette pas du tout
tout ce que j'ai fait là-bas
malgré qu'au début,
je voulais partir.
Ce n'était pas gagné
au début.
Moi, je sortais
d'un petit restaurant familial,
hôtel-restaurant familial.
Je me suis retrouvé là-bas.
C'est dur.
On le dit souvent.
C'est dur moralement.
Mais bon,
c'est un métier
de passion,
c'est un métier
de précision,
d'exigence.
On ne peut pas
se permettre l'erreur.
Ça se comprend.
Il n'y a pas d'à peu près.
Et mon père m'a dit
une phrase extraordinaire.
Il m'a dit
si tu pars aujourd'hui,
tu partiras toujours.
Et je suis resté
jusqu'au bout.
Et quand je suis rentré
comme chef
à l'Atlantic Hotel,
où je suis resté
quand même 13 ans et demi,
le 4 étoiles
qui est sur le Ramblais,
le propriétaire
de l'époque
avait entre ses mains
un lion.
C'est là que j'ai compris
la puissance
et même tout ce que j'ai appris.
Il est l'heure
de poser une dernière question.
Le menu de tes rêves.
Aujourd'hui,
c'est toi qui es au restaurant.
Tu es assis,
en salle,
en cuisine.
Il y a une brigade
prête à te confectionner
les plats les plus fous.
Une entrée,
un plat,
un dessert.
Je vais...
Moi, je veux de l'émotion
je ne veux pas...
Alors, quand on va
à la marine,
tout ça,
on en a plein les yeux.
C'est une pièce de théâtre.
Moi, je veux mes souvenirs.
Donc,
je vais partir sur une bécasse
que faisait ma grand-mère
où c'était sublime
et ça,
c'était son repas
qu'elle faisait à Noël.
Son foie gras
que je n'ai pas retrouvé
et je n'arrive pas
à faire exactement comme elle.
Et puis,
en dessert,
elle faisait
des fruits
qu'elle faisait
confire
dans une préparation
sucrée
avec des épices,
avec tout ça
et ça durait des heures
dans son four
tout doucement
et elle servait ça
avec une petite boule
de glace.
C'est tout simple.
Mais ces moments-là,
c'est des moments
de souvenir avec ma famille,
de gens qui ne sont plus là
et si je ferme les yeux,
je me revois
autour de cette table.
Comment ça se fait
qu'on n'arrive pas
à refaire le plat
de nos grands-mères ?
Si demain,
on fait un plat
tous les deux,
on va prendre
les mêmes ingrédients,
on va prendre tout ça,
on va être incapable
d'avoir le même résultat
tous les deux.
Heureusement.
Parce que,
pourtant,
on a les mêmes ingrédients.
Eh oui,
mais...
Eh bien,
il y a une petite touche
qui va se rapprocher,
ça va vous arriver,
votre maman,
votre mamie,
vous êtes dans le Cantal
où il y a un plat
qu'elle faisait,
vous êtes dans ce petit restaurant,
vous le prenez
et d'un seul coup,
on se rapproche.
Mais vraiment,
il y a une émotion
épouvantable
qui va arriver.
Mais soi-même,
peut-être qu'il y a
une pression
de se dire
elle le faisait tellement bien
que je ne vais pas réussir
à faire exactement comme elle.
Oui,
oui,
oui,
parce qu'il y a de l'amour,
il y a du souvenir,
il y a de la passion,
il y a tout ça aussi.
Et puis,
elle avait son petit truc à elle.
Oui,
oui,
mais c'est bizarre
qu'on n'arrive pas à le...
Ah,
c'est comme ça.
Tout le monde,
tous les chefs me disent,
même quand ils veulent
refaire des fois
un plat
pour faire plaisir à quelqu'un,
quelqu'un qui va te dire,
je ne sais pas moi,
j'ai un souvenir
d'un riolet extraordinaire.
Et tu te dis,
je vais lui faire le riolet.
Et puis,
ben non,
ce n'est pas ça.
Il manque un truc.
Il manque un truc.
Il y avait un truc.
Alors,
des fois,
c'est sur le temps de cuisson.
C'est sur la manière
dont il va être refroidi.
Enfin,
voilà,
il y a tous ces petits trucs-là.
Il y a tout ça,
il y a ces faits
qu'il se passe quelque chose.
Il y a beaucoup de magie,
je trouve,
dans la cuisine,
en fait.
Et je trouve ça très intéressant
que tu associe la magie
et la cuisine
le lendemain de tes derniers rendez-vous.
Mais je trouve que ça fait écho,
en fait.
Voilà.
Mais je trouve qu'il y a de la magie aussi.
Les gens,
ils sont là,
ils font...
C'est extraordinaire.
On parlait des petits producteurs
tout à l'heure.
Je suis un amoureux
des vieilles voitures
et j'avais créé
un petit concept
qui s'appelait
des escapades gourmandes.
C'est-à-dire que j'emmenais
mes clients
à la rencontre
de certains producteurs
à bord de véhicules anciens
avec des dégustations,
avec tout ça,
pour faire un petit parcours
pour pouvoir faire connaître
les gens
qui travaillent avec moi.
Oui,
il y a cette envie
de reconnecter aussi.
Enfin,
de connecter avec...
De revenir en plus
sur la passion.
Les vieilles voitures
autrefois et des producteurs.
C'est-à-dire que j'essaye
toujours de ramener
une petite touche du passé
avec le présent.
Donc,
il y a la cuisine
et il y a tout cet univers,
en fait.
En fait,
tu as envie d'amener
les gens dans ton univers ?
Dans mon univers,
dans ce que j'aime,
dans ma nostalgie à moi,
mais qui est un petit peu
la nostalgie de tout le monde.
Tu aurais aimé
être assis à la table
des rendez-vous,
des tables inconnues.
C'est vrai.
Ça n'existait pas.
Tu l'as créé
pour que les gens
puissent vivre ce moment-là
avec toi.
Comment ça se passe ?
On n'en a pas parlé,
mais lors de ce rendez-vous-là,
tu es assis avec eux ?
Tu es en cuisine ?
Je suis en cuisine.
Tu es en cuisine ?
Je leur fais le service.
Par exemple,
la table de mes amis,
il y a un chanteur
qui est là.
Par exemple,
cette année,
c'est la décennie
des années 60.
J'étais dans les années 50
et j'irais jusqu'aux années 80.
Je fais le service,
je parle avec eux.
C'est-à-dire qu'on n'est pas
dans un restaurant,
loin de là.
On est dans un concept
où c'est comme si
c'était chez moi.
ils sont autour de la table.
On va parler de plein de choses.
Il y a des objets qui sont là,
qui vont leur rappeler
des souvenirs.
Ça, c'est pour la table
de mes amis.
Le dîner,
là, je suis un peu plus effacé
puisque si j'ai une personnalité
qui est là,
qui est mon invité d'honneur,
et puis rendez-vous
en table inconnue.
Alors là,
je suis dans ce lieu magique
où je vais expliquer aux gens
comment j'ai connu ce lieu.
Donc, il y a une introduction
un peu au début.
Bien sûr, il y a tout ça.
Et après, c'est parti.
Il y a tout ça.
Mais je ne fais pas un travail
où je suis dans l'ombre
de cette soirée.
Je suis là pour les emmener
dans mon univers
et leur expliquer pourquoi.
En fait, c'est ça.
Tu leur ouvres la porte.
Tu leur ouvres la porte
chez toi.
Chez toi.
Bienvenue chez moi.
Chez toi et chez tout
ce que tu aimes, en fait.
Que ce soit des lieux,
des passions,
des rencontres
avec des personnes.
Voilà.
Écoute, merci en tout cas
pour cette rencontre aujourd'hui.
Merci beaucoup.
J'espère que nos invités,
nos auditeurs
ont pris autant de plaisir
que j'en ai pris
pendant cette émission.
J'invite les gens
à découvrir ta cuisine,
que ce soit lors de repas
ou de cours
que tu donnes aussi.
Ceux qui souhaitent te suivre
peuvent s'abonner
à ta page Facebook.
Rendez-vous en cuisine.
Principalement,
il y a également
un site internet.
Rendez-vous en cuisine,
tout attaché.fr.
Oui.
Voilà,
où on retrouve
différentes prestations
que tu peux proposer.
Donc, on est d'accord,
on a tout dit.
Les cours,
les...
Chefs à domicile.
Ma première activité,
c'est chef à domicile.
J'apporte le restaurant
chez les gens.
OK.
les cours à domicile
ou dans d'autres endroits.
J'ai fait des cours
pour l'hôpital des Sables,
pour chez Schmitt,
par exemple,
les cuisinistes.
Bientôt pour des banques.
Ça, c'est des groupes privés.
Et puis sinon,
à domicile.
Et puis après,
toutes mes petites aventures
qui ne sont pas finies
parce que j'ai d'autres idées
en tête
que je veux appaufiner.
J'imagine, j'imagine.
Merci Romel,
en tout cas.
Merci beaucoup.
Je remercie également
toutes les personnes
qui m'ont aidé
à réaliser cette émission.
Vous pouvez suivre
les aventures de Saveur
sur les réseaux sociaux.
On se donne rendez-vous
dans un mois
et d'ici là,
je vous invite
à vous plonger
dans les épisodes précédents
de Saveur.
Si vous souhaitez
soutenir ce programme,
vous pouvez laisser un commentaire
sur les plateformes de podcast
et mettre 5 étoiles.
Je vous souhaite
un bon appétit,
de bons repas
et de jolis plats.
À bientôt.
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