"Valentina" de Christophe Siébert
S11:E05

"Valentina" de Christophe Siébert

Episode description

“Valentina” de Christophe Siébert aux éditions Au Diable Vauvert

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C'est une collection impressionnante. Vous avez ici quelques éditions extrêmement rares.

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Sa bibliothèque était tout son univers.

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Je comprends ça.

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Vous êtes à privilégier.

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Il arrive à bien peu de gens d'entrer ici. C'est ma collection privée. Certains bibliophiles collectionnent les romans du dix-neuvième, d'autres les livres d'heures.

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Toutes mes éditions rares. Elles ont le même protagoniste.

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Le diable, je peux jeter un coup d'oeil.

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C'est pour ça que je vous ai amené ici.

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Magnifique, n'est-ce pas?

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Cette tendre patine, ces superbes dorures.

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Sans parler des siècles de sagesse qu'ils contiennent. Je connais des gens qui tueraient pour une collection comme celle-là.

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Vous ne verrez nulle part au monde autant d'ouvrages sur le sujet que j'en ai réunis ici.

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Ce sont les plus rares, les plus choisis des éditions qui existent. Il m'aura fallu une vie entière pour les rassembler.

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Seul le suprême chef-d'oeuvre vendée.

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Venez.

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Bonjour.

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Tu penses?

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Arrive.

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Son perso.

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Chez moi.

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D'offrir rencontre gratuit de.

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Bonjour, bonsoir, bienvenue, salutations à toutes et tous. Petite intro et d'immersion.

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Ici, bouquin, bouquine, l'émission des livres et de ce qui aidera. C'est faux. Derrière le micro, sur graffiti, urban radio, votre fournisseur dans son monde. Un podcast à retrouver partout: gastéropodes, apple podcast, podcast addict, deezer, spotify. N'hésitez pas à en parler autour de vous, à partager et à commenter.

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Sur les réseaux. On se retrouve sur la page facebook bouquin bouquine sur twitter.

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Le mail de l'émission bouquin arobase urban. Tiret radio.

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On repart de nouveau pour un troisième voyage dans cette obsédante mégalopole fictive et pourtant palpable, avec son histoire, ses histoires, destinations, mer vague corrode l'œuvre. La fresque intemporelle imaginée par christophe siebel entre s f poste, exode.

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Autisme: anticipation chronique et critique sociale. Enjeux sociétaux: autobiographie clinique d'un réel qui s'imagine fantasme, d'une fiction trop ancrée dans une réalité gris.

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Lire si hébert, parcourir les rues, les quartiers de merveilles, corrode, c'est toujours prendre une plaque, c'est observer, de livre en livre, le tour de force de l'auteur qui réussit à chaque fois un changement de style dans le fond ou la forme, tout en conservant l'essentiel et la continuité de ce monde ouvert vers.

4:18

Table univers étendu.

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Ce dernier opus se dévore et s'écoute: déclaration d'amour musicale à la culture underground. Une playlist en annexe pour entendre les chapitres.

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Ici, on donne tout au milieu de la lutte.

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Après images de la fin du monde et féminicide, voici valentina.

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Tout de suite la quatrième de couverture.

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Merde zagora, goran. Tournant de l'an deux mille pour fuir une misère à laquelle ils sont socialement prédestinés, cinq ados noient leur lucidité dans toutes les drogues possibles. Une bande, son pop punk et indue russe des années quatre-vingt, quatre vingt dix, romantique, et robert.

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Mais l'assassinat de leur voisine valentina, vieux travestis à la vie mystérieuse, va révéler une ombre bien plus dangereuse.

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Que leur petite délinquance ordinaire.

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Sous une trame impeccable de roman noir, valentina fait la chronique d'une adolescence dans l'atmosphère d'une mégalopole tentaculaire. Quelque part dans le londres de jack l'éventreur et le los angeles cyberpunk, deux plats de joana.

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Transposer dans un post soviétisme apocalyptique et décadent.

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Né en soixante quatorze, poète, écrivain et performeur, christophe chabert vit à clermont-ferrand. Il est lauréat du prix sade deux mille dix neuf pour métaphysique de la viande. Il est édité chez la maison d'édition au diable vauvert.

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Je vais d'abord vous présenter les personnages ados, délinquants et déliquescent auxquels on s'attache, comme le jack, d'un casque branché sur le même balade.

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Défoncé, déjanté, dépassé, noyé, pollué, vampirisé par un quotidien qui ne voit que rarement le jour, nyctalopes aux yeux luisants et rouge dans les nuits bétonnées et méta urbaine de la capitale de la république indépendante de merde sec, gore.

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Mais juste avant cette présentation des protagonistes, une note introductive de l'auteur.

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Merveille. Go rhodes est la capitale et l'unique grande ville de la minuscule république indépendante de merde, avec goran.

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Ou coincé entre la russie et l'ukraine rattachée à l'ue, et cesse jusqu'à sa dissolution en mille neuf cent quatre vingt onze, et qui, à partir de mille neuf cent quatre vingt dix huit, après plusieurs années de troubles, a progressivement retrouver une stabilité politique.

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Et économique.

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Cette mégalopole de plus de sept millions d'habitants.

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Ouais en deux par la zone, à un immense territoire de douze milles hectares constitués de décharges légales ou sauvages de bidonvilles et d'usines de traitement des déchets.

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La collecte, le stockage, la destruction et le recyclage d'une partie des ordures produites par le reste de la planète et, depuis des décennies, la principale industrie de la rime.

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Et aussi la cause d'une pollution endémique.

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Il n'est en aucun cas nécessaire d'avoir lu les autres romans se déroulant dans cet univers pour apprécier valentine.

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Tout ce que vous devez savoir pour vous immerger dans cette histoire se trouve dans le texte que vous allez découvrir.

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Si le cycle des chroniques de merde z corrode de titres parus à ce jour. Images de la fin du monde, les féminicides racontent la grande histoire de la ville en mettant l'accent sur les oligarques, les hommes politiques, les événements majeurs, la guerre d'indépendance des années quatre. Vingt dix féminicides au tamis de victimes.

8:08

L'attentat de deux mille vingt cinq, la faille spectre clignotant, le black-out de deux mille vingt neuf, etc. Celui d'un demi-siècle de merde couvre valentina.

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S'intéresse au contraire au petit bout de la lorgnette, au point de vue de la rue, de ceux qui subissent l'histoire avec un grand h au lieu d'en être maître.

8:31

Pour celles et ceux qui désirent en savoir plus, la fiche wikipédia de la rime est disponible à cette adresse: mere avec gode, point wix site.

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Comme marx.

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Corrode fiche wikipedia dollars.

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Clare bogdanov, la daube lénine.

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Mesquine, né en mille neuf cent quatre vingt cinq.

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Nerveuse, aime boire. Je sautais partout. Dessiner sur ses fringues, sur celles des autres, par le fort rit beaucoup dynamique, d'humeur changeante. Je veux teint de n'importe quelle couleur, tatouage fait maison. Porte toujours par-dessus ses vêtements, y compris ses manteaux, des t-shirts x, x, ixelles de ses groupes préférés.

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Son surnom mexique, diminutif de mexico ski.

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Pareil jeudi bobby.

9:37

C'est-à-dire haricots sauteurs, du mexique, vient de sa passion pour le pogo. En neuvième place à la schola école daria gates, cenco vit chez ses parents dans un pavillon délabré dans le quartier de merde avec birague, à la frontière de la zone a, au sud du rock johnson.

10:00

Neal maximum bitche coquine lascar, né en mille neuf cent quatre vingt trois.

10:06

Tomate déteste marcher. Le sport en général a tout le temps envie de baiser ou puceau. Bavards racontent souvent des conneries.

10:14

Lunettes, bonnet, enfoncé jusqu'aux oreilles, jogging, adidas, fermé jusqu'au cou, basket. Il a gagné son surnom, la fouine, ainsi que sa réputation obsédé sexuel. A douze ans quand il passait son temps à se faufiler dans les vestiaires de filles.

10:29

Absentéistes permanent, mais inscrit tout de même en neuvième place à la schola daria gates. Django vit chez sa mère dans un pavillon délabré dans le quartier de merde zac verhaeghe.

10:41

Pierre de la zone a au sud du rock johnson.

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En dehors du daily douillet brode né en mille neuf cent quatre vingt quatre.

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Mineurs sans-papiers d'origine tchétchène. Déteste manger, se laver, s'habiller, hygiène déplorable passion pour l'alcool. La danse nonchalant, insolent, sarcastique. Se définit anarchiste sans bien savoir ce que ça veut dire. Jogging adidas dégueu, mocassin de daron au crâne rasé, regard perpétuellement.

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Foncé pour son adhésion jusqu'au moindre détail. Hostile style nick lui a valu son surnom racaille.

11:21

Non scolarisés vit au nouveau squat de la gare routière dans le quartier de merde erik berg.

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Frontière de l'arizona au sud du rock johnson.

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Stéphane ivanov witch à pencroff.

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Général né en mille neuf cent quatre vingt quatre, fan de comics, de tout ce qui vient d'amérique, ou se prend pour un gangster. Visage bouffi, poches sous les yeux, coupe au bol dans pourri, jury en permanence. L'origine de son surnom général, j'ai perdu dans la nuit des temps. D'après lui, c'est parce qu'il tient l'alcool comme un général.

11:57

Dans l'armée russe, le seul point sur lequel il reconnaît la supériorité de sa culture sur l'occident. En neuvième place, à l'âge scolaire d'aria, django vit chez son père dans une caravane en bordure du quartier de merde lindbergh, à la frontière de la zone au sud du rajan. Cinq.

12:18

Daria fedora n'a inscrit que les diktats. Né en mille neuf cent quatre vingt six, adorent voler des voitures, les conduire, adore voler en général, aiment emmerder. Le monde rit tout le temps super calée en musique de toutes sortes.

12:33

Fringue de teufeuse, vêtements paramilitaires, angers, poing américain, couteau dans ses poches, crâne rasé, maquillage de ghost- son surnom, carte de crédit, vient du fait qu'elle a toujours du fric par les poches, rarement le sien.

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Ca me dépenser n'importe comment.

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Neuvième classe à l'âge scolaire d'aria, jack django vit chez ses parents dans un pavillon délabré dans le quartier de merde jacques béret, à la frontière de la zone a au sud du johnson.

13:16

Prologue.

13:17

Dix huit janvier deux mille.

13:23

Le sang glisse dans les aigus, puis.

13:26

Dérape comme une voiture dans un film d'action. Le kick accélère jusqu'à se transformer en sourde aux vibrations.

13:35

Le sorcier tourne un nouveau potard. Une onde de silence s'abat sur les teufeurs qui le prennent en pleine face, où tout se fige un instant dans les systèmes sont des systèmes nerveux. Même les arbres retiennent leur souffle.

13:46

Avant que quelqu'un n'ait le temps de violer. Le traditionnel fait péter le sorcier balance un bit, une puissance folle, amplifiée encore par la réserve naturelle de la forêt.

13:57

Bam, bam, bam bam, à cent vingt bpm, accompagné d'une déferlante acide qui super perche tout le monde.

14:05

Remonter d'un coup les drogues consommées durant la soirée renvoie les corps, les cerveaux, à l'âge de pierre, quand on dansait pour l'adn.

14:14

Pour les étoiles, dans un monde où rien n'existait à part notre tribu, que charnelle inconnue.

14:20

À deux heures du matin, la teuf bat son plein à dix km de merde avec gora.

14:25

En regardant vers le nord, on aperçoit la masse de la mégalopole, ces lumières.

14:30

Quelque part dans la ville, les vainqueurs de la récente guerre d'indépendance qui a secoué le pays suite à la dissolution de l'u s s pactise, se trahissent, s assassine. Je partage l'énorme gâteau que représente à leurs yeux ce pays, ses ressources.

14:45

Rien de tout ça ne concerne clara ni sa bande, ou plutôt, ça les concerne au premier chef, mais ils ne le savent pas.

14:53

Clara ne danse pas avec les autres occupés à surveiller la sca qui vient de gerber contre un arbre, ne comprend rien à ce qui se passe, pâle comme un mort tremblant. Pour une fois, il ferme sa gueule, enfin presque. Entre deux giclées de vomi, il parvient à articuler qu'un fils de pute lui a vendu à un type frelaté.

15:12

Faut la retrouver, lui casser la tête. Elle pense à ce qu'elle va faire dans quelques heures.

15:17

La décision qu'elle va devoir prendre n'arrive pas à se projeter.

15:21

Le soi se rendre chez tamaki in le tuer.

15:25

Le à ne rien faire, attendre que les flics viennent l'accueillir.

15:30

C'est facile de jouer à la roulette russe contre soi-même, contre dieu.

15:35

Un coup, le canon enfoncé dans sa bouche, un coup levé au ciel.

15:41

Quatre heures.

15:42

Le moment de se décider enfin.

16:01

Page quatre vingt dix sept.

16:03

Neuf janvier deux.

16:06

En revenant de l'école, il découvre l'attroupement devant la maison de la vieille.

16:11

Une bicoque de plain-pied dont l'arrière donne directement sur l'océan, libère la.

16:16

Cours transformé en dépôt d'ordures se confond avec la décharge officielle. Un grillage aux trois-quarts effondrées bouffé par la rouille que sert de frontière?

16:26

Les passants.

16:28

Conversation à voix basse: les flics, l'ambulance.

16:32

Comprend tout de suite que quelque chose de grave vient de se passer.

16:36

Où se mêlent aux badauds, me pose des questions, mais personne ne sait rien.

16:40

A part que la vieille a été trouvée morte chez elle.

16:43

Valentina.

16:45

Feuille de rose: pas.

16:50

Tout le monde l'appelle la vieille.

16:52

Mais en fait il s'agit d'un vieux, un travelo, qui vivait là depuis toujours.

16:57

Figure du quartier.

16:58

On ne connaît pas son vrai nom. Maintenant, tout le monde va le découvrir, le lire dans les journaux, on va apprendre que valentina s'appelait igor, ou yvon, ou boris.

17:07

Prénom nul.

17:08

Où clara tombe centriste. Depuis la dépénalisation de l'homosexualité en quatre, vingt treize.

17:14

Valentina ne se cachait plus. Habillé en femme, du matin au soir, on la croise partout.

17:19

Au café, à l'universal, à l'arrêt de bus.

17:23

On ne savait pas trop de quoi elle vivait, sans doute d'une pension de retraite ou d'invalidité.

17:28

Mais c'est vrai qu'elle boitait enfin pas beaucoup. Peut-être a-t-elle travaillé avant.

17:33

Mais personne ne l'imagine- avoir porté un jour à un bleu de travail ou un costume.

17:38

Les gens du quartier ne lui rendait pas visite.

17:41

Elle aura servi avec deux mecs, pas d'ici.

17:44

Repérer une rentrée chez elle. De drôle de dégaine. On se doutait que c'était pour baiser.

17:49

Est-ce qu'elle payait des sommes à payer ou personne ne peut plus apporter de réponse à ce genre de questions.

17:55

A part ce type-là.

17:57

Il venait directement.

17:58

On repartait encore plus discrètement rasent les murs. N'avait pas tort d'ailleurs, à merdique birague, où personne n'est homophobe. Mais il vaut mieux ne pas trop jouer la provocation.

18:09

Kevin, quartier honnête, familial, pas un repère d'étudiants taré ou de fric. Dégueulasse, comme plus au nord, comme le long du prospects. Quatorze ici le matin, pas besoin de repousser du pied dans le caniveau, les capotes usagées ou les fringues.

18:23

Bref.

18:24

A part ces jeunes pédés et discret

18:27

Parce qu'il était plutôt jeune dans l'ensemble, en tout cas plus jeune que valentina, qui aurait pu être leur père ou leur mère. Enfin, à part cela, la seule autre personne qui sonnait à la porte, c'était l'infirmière, ou pas d'ici elle non plus. Elle venait une fois par semaine ou administrer sa piqûre. Valentina souffrait de diabète, d'un truc comme ça.

18:46

L'infirmière, arrivée en voiture, entrait restée un quart d'heure remonter dans sa petite lada.

18:52

La renvoyez pas avant la semaine suivante.

18:55

Quelquefois, valentina sortait très apprêtée, maquillée. Un taxi où elle alla chercher un autre l'a ramené à l'aube. Une personne ne sait où elle se rendait.

19:04

Ça m'a fait baiser voir sa famille.

19:08

Clara écoute les conversations d'une oreille dans l'autre pour lui fabriquer dit.

19:14

Produits semi-finis de télévision, voie difficile à décrire: débile, mental, insolent.

19:20

Musique qui part dans tous les sens, sautillante, simple ritournelle bonne covid, absurde sarcastique.

19:27

Elle trouve que ça s'accorde bien avec l'ambiance.

19:30

On dit que ces temps-ci, en matière de bande-son de la vie, elle a la main heureuse.

19:35

Elle laisse errer son regard.

19:38

On croit connaître les autres.

19:39

On ne connaît que dalle.

19:41

Pour ce qui est sûr, c'est qu'elle n'avait pas de fric valentina, en tout cas pas davantage que le reste des crevards vivant dans ce quartier.

19:48

Tu me cachais pas. De magot dissimulé dans un samovar. On croit connaître les gens, mais on ne sait rien d'eux. On les côtoie quotidiennement. Pendant dix ans en voisin.

19:58

Bonjour, quelque chose se passe.

20:00

Ce jour-là, on se rend compte que ce voisin, sa voisine, demeure à nos yeux un mystère total, une énigme, un étranger?

20:08

Il est même pas capable d'expliquer avec quel argent il ou elle payait le loyer, même pas capable de répondre aux questions les plus basiques.

20:16

Ça donne à réfléchir.

20:18

Ni accident ni suicide, mais un meurtre, ou paraît plutôt sauvage, plutôt sale histoire de cœur qui aurait mal tourné.

20:27

Elle serait tombée sur le mauvais type info.

20:29

Dans lunatique.

20:31

Chemaudin plan l'entends plusieurs fois lunatique.

20:34

Ce terme que personne n'emploie jamais et qui, d'un coup, on remplit toutes les bouches.

20:38

Ça la fascine, l'intrigue.

20:41

Ce qui provient de la télé et des journaux.

20:43

Ils m'ont cueilli quelque part, patiemment emmagasinées en attendant l'occasion de s'en servir.

20:48

Vous allez peut-être tomber sur un gars qui aime y aller fort valentina.

20:52

Les choses auraient dérapé.

20:54

Ga aura eu la main lourde.

20:56

Ou alors un casseur de pédés. La seule chose certaine, c'est que personne n'a vu qui que ce soit entrer ni sortir. Certains évoquent une silhouette, une capuche.

21:05

Comment la porte du jeune racaille, comme on en voit partout tout le temps de nos jours. Bah voilà.

21:11

Les flics posent des tas de questions, mais n'obtiennent aucune réponse.

21:14

Ça n'est pas une histoire de ne pas balancer, pour une fois.

21:17

Même si j'ai parlé à la police ne fait plaisir à personne, mais évidemment,

21:21

Menace valentina merde, une habitante du quartier le vieux travelo, où personne n'était ami avec, mais il faisait partie des meubles.

21:29

Alors, même si ça ne se fait pas de baver ceux qui auraient vu ou entendu quelque chose, je leur ai dit: mais personne n'a rien vu, rien entendu. Pourtant, il paraît qu'elle a souffert.

21:39

Bien souffert.

21:40

Elle a passé un mauvais quart d'heure, un peu plus que ça même. Il paraît qu'il a fait durer le plaisir. Non, qb qui a commis ça. Pourquoi est-ce qu'on n'a rien entendu? pourquoi est-ce qu'on n'a pas entendu appeler au secours valentina ou crier de douleur?

21:52

Ça tourne dans leur tête, leurs tripes, d'une bouche à l'autre.

21:55

Fasciné et horrifié.

21:57

Le drame rapproche, rend bavard.

22:00

Clara sola se concentre sur les paroles de la chanson. C'est encore ce qu'il y a de mieux à faire.

22:06

La machine connaît des lois, l'ordinateur connaît la loi. C'est notre prophète dans ses rêves. Nous serons tous à l'aise.

22:13

Qui sait qu'il a retrouvé de manquera dicta, son infirmière, il y a une heure.

22:18

On l'a entendu hurler dans toute la rue.

22:20

Il paraît que c'était vraiment pas beau à voir.

22:22

Oh putain, ils sortent.

22:24

Un frisson parcourt l'assemblée.

22:26

Les conversations cessent ou clara monte encore le son. On s'enfonce bien des écouteurs dans les oreilles. Aucune envie d'entendre tous ces cons hypocrites déguisés, leur avidité, leur soif de sang en effroi, en dégoût.

22:40

Personne n'a besoin de personne.

22:41

Personne cette envie, tant que vous avez besoin de vous.

22:46

Deux flics en uniforme contourne la maison, repoussent la foule, l'ouvrant deux pour tracer un chemin jusqu'à l'ambulance. Ambiance biblique, miraculeuse.

22:56

Deux autres, en civil, nous quittent à leur tour. La scène de crime: visage décomposé, suivi par un brancard à roulettes- que dire des infirmiers? tandis qu'un dernier policier fermer la porte derrière tout ce petit monde.

23:09

Sur le brancard, protégé par un drap jaune, pisse déjà tachée de sang.

23:14

Forme humaine.

23:16

Le spectacle se termine.

23:17

Mon bras, mon à avoir des véhicules.

23:19

Demarre sa loi.

23:22

Les volets de la maison sont fermés, on ne distingue plus qu'une vague couleur de rouille mêlée de crasse ou pas.

23:28

Rail pour la façade initialement vert tendre.

23:31

Tout le monde se souvient de valentina repeignant alla simplement tous les six mois, avant de renoncer, il y a quatre ou cinq ans, de laisser la baraque mourir, se faire bouffer comme des autres.

23:42

Sur toutes les ouvertures, désormais, des bandes adhésives signalent la scène degrés.

23:47

La foule se disperse. On fait quoi, demande la sca? t'as toujours pas pécho de mon clara général.

23:55

Non, y a rien en ce moment. La pénurie.

23:58

Quelle merde.

24:00

Les enfants partent, il n'y a pas de révolution.

24:02

S'en vont. Ils ne veulent pas vous déranger.

24:04

Eh bien, nous ne reviendrons jamais sur le passé.

24:09

Et ça ne trouve pas leurs ancêtres.

24:11

Clara pleurs, bouleversée par les paroles de téléviseur.

24:17

Il ne reste plus que cinq devant la maison de la vieille.

24:21

Invisible dans la brume noire, lourde comme de l'huile de moteur, entouré de ténèbres plus épaisses que le trou du cul d'un gardien de d'ossau.

24:29

Selon l'exploration de l'asc, que personne ne pige, mais qu'il ressort dès qu'il peut.

24:34

Il faut dire que le mélange shit vodka ne l'a jamais rendu très vite.

24:39

Eux aussi, la bloquant, retourne au squat.

24:42

Une fois là-bas, où clara ne capte pas qui propose d'aller visiter la baraque de la morte.

24:47

Peut-être bien brode, rarement avare d'une connerie inédite.

24:51

L'idée semble sensationnel.

24:53

La chaleur relative du squat, l'esprit retourné par des banques de l'espace.

24:59

Le général a inventé au passage le mot valise rank trust, qu'on pourra traduire librement par rouste de la nasa.

25:07

On saura mettre donc en route.

25:09

Depuis combien de temps n'ont-ils pas manger autre chose que des graines de tournesol ou des ravioles farcies, à n'importe quoi acheter à des tchétchènes qui ne se manifestent dans le monde des vivants qu'une fois minuit passé?

25:20

De quand date leur dernier repas chaud ou pris assis à table en compagnie de leurs parents, avec en fond sonore les conneries lénifiantes débitées par la télé- douglas est bien en peine de le dire- leur seule occasion de manger correctement?

25:35

Cantine à la scola, mais en général trop défoncé ou en gueule de bois pour ingurgiter quoi que ce soit. Il préfère avaler six litres de scotch.

25:44

De dormir.

25:46

Être sur la table ou posés sur leur bras croisés en guise d'oreiller.

25:50

Comment font les autres?

25:52

Ils ont l'air normal.

25:54

Pas éclaté du matin au soir. En tout cas,

25:57

Pas tout le temps en train de dire ou de faire de la merde.

25:59

Comme n'importe.

26:01

C'est comme ça.

26:03

As de quoi rouler, demande ce prod.

26:07

On va vraiment rentrer là-dedans. Demande générale.

26:10

On va pas rester comme des cons dans la rue. Pour commencer,

26:13

Traducteur. Déjà qu'on a réveillé la moitié des voisins.

26:17

Venez.

26:18

On va derrière.

26:20

Il s'accroupit sur le sol gelé de la cour.

26:23

L'océan de merde derrière eux, assis le cul sur leurs talons.

26:27

Après avoir écarté toutes sortes de saloperies glacées coupantes dur aux angles aigus, indiscernables dans cette pure et humide, tandis qu'un vin désagréable, fantomatique, soleil.

26:39

Général en silence à la lueur du briquet et frites le shit qu'il en reste.

26:44

Saveur de pneus, odeur de fiente, défaut sans service, minimal ou juste de quoi les maintenir à niveau bordel? au lieu de bloquer sur moi comme si je venais de découvrir le feu, bande de cons, vous voulez pas plutôt empêcher ce putain de vent d'éteindre mon briquet?

26:59

Il faut ensuite confectionner le pétard. Un trois feuilles, dodue comme un poisson dans le loire. Pas question d'utiliser la lampe torche. Pourquoi vouloir ruiner l'ambiance?

27:08

Le joint tourne de l'un à l'autre.

27:10

Seule la fraise rougeoyante éclaire leur face quand il tire une taffe. Plus rien à boire, à part un four de glace sans bulle sous l'effet du shit. Dans cette atmosphère lugubre, la machine à raconter des inepties s'enraye. Chacun se retrouve seul avec soi-même, perdu dans ses pensées, le corps frissonnant.

27:29

L'idée de rentrer par effraction dans la maison de la morte devient tout à coup plus pesante, plus réelle. Mais pas question de reculer, bien sûr.

27:38

A assise en squatte, les genoux au niveau du menton, tourne le visage vers l'obscurité qui les surplombe ou plisse les yeux.

27:45

Cherche à distinguer les plats des étoiles, mais il n'y a rien de plus au-dessus de sa tête qu'autour d'elle.

27:51

Elle devine le ghetto blaster. Posé au milieu du cercle qu'ils ont formé en s'asseyant, il lui fait penser à un feu éteint.

27:58

Change à la préhistoire.

28:00

Dans son sac.

28:01

Accroché à son dos, couvert de dizaines de noms de groupes gris aux feutres de toutes les couleurs, accompagnées d'injonction à se droguer, faire la teuf faire.

28:09

Outre le poids de la cargaison de cassettes sur lesquelles elle ne se déplace pas.

28:16

Bon, on va pas dormir ici.

28:18

Des diktats en soulevant. Si j'avais su que c'était une soirée pyjama, j'aurais apporté un samovar. La troupe se redresse, s'ébroue, se secoue pour chasser le froid.

28:29

Cercle l'innocent.

28:31

La serrure.

28:32

Brad qui s'y colle.

28:34

À la lumière de la lampe torche.

28:36

Exerce son oncle, lui a appris pas mal de trucs utiles.

28:39

Il y avait des rubans de la police sur ma façade arrière aussi, ils les ont arrachés, s'en sont donné à cœur joie sur son fruité avec, en riant comme des imbéciles, risquant d'ameuter tout le quartier. Mais leur vacarme a été étouffé par le grondement des usines, par la brume. Personne ne semble avoir repéré, ou alors tout le monde sens.

28:59

Il débouche dans la cuisine. À, l'intérieur, c'est un autre monde où tout paraît différent: la température,

29:05

Plus froid encore.

29:07

L'épaisseur de l'obscurité, même l'air.

29:10

Brad ne braque pas la lampe droit devant lui comme un cambrioleur prêt à le faire pour éviter de prendre un meuble, mais dirige le faisceau à ses pieds, le masque partiellement avec sa main. Clara a l'impression qu'il agit ainsi par respect, en tout cas elle. C'est pour cette raison qu'elle ne porte pas le ghetto blaster sur l'épaule, comme d'habitude, mais le tien par là.

29:29

Poignet.

29:30

A bout de bras.

29:37

Pendant que les quatre autres serrés progressent dans la cuisine, clara bifurque à droite, entre dans la salle de bain paddington. Elle referme le plus silencieusement possible.

29:48

Pas pour éviter qu'on entende de l'extérieur cette pensée ne l'effleure pas. Elle sait qu'ici, dans cette maison, elle pourrait mettre la musique à fond, hurler. Rien ne franchira les murs, aucun sens.

29:58

C'est une autre raison qui la pousse à faire preuve d'une discrétion exagérée, une raison plus obscure.

30:04

Des siècles de superstition, de sorcellerie, de commerce avec la mort.

30:10

À son inconscient. Que les habitants de l'autre monde aiment la paix.

30:15

Délicatement, avec lenteur prudent.

30:19

Elle pose le ghetto blaster à ses pieds.

30:21

Du bout des doigts, elle explore le mur perlé d'humidité glacée à la recherche de l'interrupteur.

30:27

Quand la lumière crue du néon remplit la pièce en tremblotant, elle reste sans bouger quelques secondes, ébloui le temps de s'habituer.

30:36

Des bribes de voix proviennent de la cuisine, le départ d'un rire nerveux. Qu'a net le silence revient.

30:44

Là ce qu'elle aimerait écouter. Elle se dit: ses voiles, l'ost de gingras. Mais à fond, vraiment à fond. Écouter ça là, maintenant, ce serait parfait, juste parfait. En plus, la cassette se trouve dans son sac, le morceau occupe toute la face. Elle en a les mains qui la gratte tellement elle a envie, mais elle sait que si elle fait un truc, pas,

31:03

Aïe, ils vont tous la tuer. Bien sûr qu'elle pourrait l'écouter au casque, ça ne sera pas pareil. Voilà ce qu'il faut, c'est un son énorme. C'est walmart en version free party: dix kilos, que tout les gares talent, que toute cette putain de ville saigne des oreilles en hommage à valentina.

31:20

L'idée me vient pour la première fois à cet instant.

31:23

Sans doute.

31:25

Après avoir hésité quelques instants, elle sort malgré tout le walkman.

31:30

Déroule le fil des écouteurs, les enfonce dans ses oreilles. Le monde extérieur disparaît.

31:35

C'est parti le son à fond. Quarante-quatre minutes de batterie lancinante de guitare furieuse, dissonantes en direct de l'asile psychiatrique. Elle sent immédiatement l'électricité l'envahir, bonnes ou mauvaises, peu importe, les deux à la fois, comme un poison qui te révèlent à toi-même, te retourne comme un gant de nettoie au rasoir, gratte toute la.

31:55

Merde. C'est comme dire à coups de couteau à ses amis qu'on les aime, comme s'est tranché les veines en sautant de joie de la musique de tête contre les murs de rage dedans une montée brutale qui n'arrête pas. Trois quarts d'heure de crise qui te vrille le crâne. Le bide droit donne envie de pogos gautier jusqu'au sas, jusqu'à la fracture, avec, au milieu de ce déluge, le poème.

32:15

Hurlé, scandé par edward stark offre ses sages, sa douleur sourde.

32:21

Ou clara saute sur place en faisant un effort pour ne pas que les êtres borg, comme une folle, danse toute seule, ou alors avec le fantôme de la vieille, avec tous les fantômes du coin, tous les fantômes de la ville attirée par la tof, et il aime peut-être la tranquillité. Mais il y a un temps pour tout pute.

32:38

Sans cesser de bondir ni de brailler dans sa tête, elle observe les piles de produits de maquillage de toutes sortes qui encombrent le moindre espace libre de la salle de bain. Minuscule remarque que la propreté surnaturelle de la pièce.

32:51

Chaque surface brillante. Pas une trace de doigts sur le miroir entouré d'ampoules, comme dans une loge de théâtre. Repère, l'interrupteur allume à la place du néon. D'un coup, comprend la magie. Comprend des heures de boulot pour transformer un vieux mec diabétique boiteux en valentina en cette vieille somptueuse que tout le monde croise tous les jours.

33:11

Que personne n'a jamais vu au naturel.

33:13

Qu'un salopard à tuer de la manière la plus dégueulasse.

33:17

Attrape des produits: lis les étiquettes, les débouche, les devises, les remises.

33:21

Les essais sur le dessus de la main. C'est totalement ésotérique à ses yeux. Valentina devait avoir au moins un doctorat en maquillage pour tirer quelque chose d'utile de tous: bordel, poudre, fard, coule, applicateur, pinceau fossiles, faux ongles, glace, truc pour la bouche, les joues, les yeux, les mains, le visage, parfums onguents, beaux masques.

33:42

Pendant ce temps, dans ses oreilles, lannoy, dingue de chimera s'épuise sans jamais se résout. Odeurs, sons se mélangent, l'alchimie l'étourdit, tandis qu'elle porte à ses narines un énième tube contenant une pâte couleur chair.

33:58

Elle perçoit une présence qui retourne très diktat. Souriante, la regarde d'un air attendri, ne cherche même pas à lui parler. Dans les yeux de son amie, clara, lit l'approbation, comprends qu'elle sait ce qu'elle écoute. Alors l'énergie folle enragée se transforme en onde écrasante de tendresse. Clara prend sa pote dans ses bras. La

34:18

Serre fort, se détache surprise elle-même par son geste.

34:22

Gul haute. Un écouteur souris.

34:25

Le sourire de paul, tellement heureuse qu'elle pourrait prendre.

34:29

Closer. Acheter partout des rayons de lumière de toutes les couleurs qui travaillent tout.

34:33

Nous on va y aller dit: craig diktat. Je vais rester un peu, je crois.

34:38

Je l'aurais parié.

34:39

De dingue.

34:40

De l'amour dans ses yeux quand elle dit ça. Le vrai amour, le truc total. Pas comme ces cons de mecs qui ne pensent qu'à fourrer nos ou quelque chose de christique. Pas de ce monde trop grand pour cette toute petite tête.

34:54

Clara se demande un instant si elle ne serait pas en train de se payer un tour gratuit d'extase pour penser à des trucs pareils. Mais n'a pas l'impression, c'est juste la situation, les liens profonds qui l'unissent à son ami.

35:05

Puis elle se souvient qu'avant de partir, nous on fait infuser un vieux buvard soi-disant périmés dans une bouteille de gaz.

35:12

Partagez en buvant cul sec pour faire monter plus vite.

35:15

Ça n'explique pas tout, non d'ailleurs que diktat ne semble pas défoncé, enfin pas comme ça. En tout cas, incapable d'exprimer mieux les émotions qui lui arrivent en masse, clara se contente de secouer la tête avec énergie pour dire oui, de sourire jusqu'aux oreilles.

35:31

Amuse-toi bien.

35:32

On se voit demain un chocolat.

35:35

Jack, tu auras besoin de ça, plus de folle.

35:37

Lui tend la lampe torche. À la main d'arya, la dame a un maxi.

35:48

Dix janvier deux mille clara. Renfoncer l'écouteur dans son oreille éteint les ampoules autour du miroir. On quitte la salle de bain.

35:56

Elle pose le ghetto blaster près de la porte de derrière, entourent la lampe d'une serviette de toilette pour la tamiser, balaie toute la pièce du faisceau devenu rougeâtre.

36:05

Révèle les meubles comme des masses brumeuses, les objets comme des esquisses indiscernables aux contours ambigus, se lancent dans l'exploration d'un monde spectra.

36:16

Elle ouvre le réfrigérateur.

36:18

Sa lumière blafarde lui apparaît comme un rêve. Elle examine son contenu. Ou quelques tranches de jambon au bord racorni empilés dans une assiette, des gâchis, de la bière de vache, du lait, un pack entamé de baltique à acapulco, une seule à huit degrés, boîte en aluminium noir. Après avoir hésité un instant, elle en prend une.

36:38

Louvre s'offre une large gorgée.

36:41

Curieuse sensation se dire que valentina n'a pas prévu de mourir.

36:46

Une canette se trouve encore sur la table au trois quart vide.

36:50

Manquer d'un jeton rectangulaire vert sombre portant le chiffre six blessés par la police.

36:56

Clara se représente la vieille assise sur cette chaise, en train de picoler tranquillement, écouter la radio, peut-être d'écrire un texto sur le téléphone, qui n'est plus là, qui a été embarqué par les flics.

37:08

Vous pourrez être passé au peigne fin dont l'absence est notée par un jeton rectangulaire, le numéro sept ou le huit.

37:15

On sonne à tantale quelqu'un.

37:18

En tout cas, elle se contente de reposer sa bière, en pensant qu'elle la terminera plus tard. Mais cette bière désormais éventée,

37:25

Personne ne l'a vu venir.

37:27

Ces indices triviaux d'une vie qui n'avaient pas prévu de s'interrompre les meuvent aux larmes. Le ballet, le petit monticule de poussière ramassée à côté, l'éponge encore humide. L'odeur de la vie, l'odeur familière du quotidien, de la banalité à laquelle on ne fait pas attention.

37:44

Clara a appris, sans doute parce brode grands fournisseurs en matière d'information chelou ou malfaisante, que les maisons ou les appartements où se déroule un crime reste si longtemps sous scellé qu'il existe des entreprises spécialisées dans ce genre de nettoyage. Elles interviennent quand la police a terminé l'enquête.

38:00

Trois mois, six mois après les insectes, partout les vers la nourriture pourrie, le réfrigérateur, mois-ci.

38:07

Elle secoue la tête pour chasser ses pensées morbides.

38:10

Les larmes coulent sur ses joues. Elle ne les suit pas, les laisse couler. Elle lui rappelle que les morts ne pleurent pas les vivants, que les morts ne pleurent pas du tout.

38:20

Mais elle n'a plus soif. Elle vit de la bière dans l'évier.

38:23

Almost se termine. Le silence revient, amplifié par les écouteurs. Qu'il la coupe du monde extérieur.

38:29

Elle se tient immobile devant l'évier.

38:31

Dans la rue, une voiture passe.

38:34

Ça brise momentanément le charme.

38:36

Elle se demande quelle musique écouter maintenant. Farfouille dans son sac, le bruit familier des cassettes qui s'entrechoquent lui fait du bien.

38:50

Elle en trouve une qui lui semble parfaite. Pam jadis dit ca à la mémoire de dick de la coopérative niche jack.

38:57

Dernière plage de la seconde cassette, encore un morceau long, très différent de ce qu'ils font d'habitude, vingt minutes, presque totalement instrumentale, de l'orgue d'église, des culs, des nappes brumeuses, de synthé. Le morceau s'appelle hiver.

39:11

Impeccable.

39:13

Elle quitte la cuisine au moment où les cymbales, légères, sans échos, font leur apparition, suivie d'une basse, d'une guitare, d'une batterie qui ensemble dix des atmosphères psychédéliques lentes.

39:25

Le séjour contient peu de meubles: un tapis assez grand pour couvrir la surface, un placard en bois clair, un canapé, une table basse renversé, un téléviseur gigantesque au centre de la pièce. Lorsque le faisceau de la torche passe sur l'écran, clara sursaute en découvrant des mouchetures brillantes.

39:42

S'approche, son cœur bat plus vite.

39:45

C'est bien du sang derrière les gouttelettes, désormais sèche, semblable à du vernis à ongles, à travers l'éclat de la lampe qui se reflète sur l'écran bombé, qui dessine un cercle de lumière trouble, lointaine, pareille à cette lueur que certains prétendent voir au bout du tunnel.

40:00

Clara, discerne son image.

40:01

Elle apparaît dans l'écran évanescente, comme si l'appareil était une fenêtre lui permettant de contempler son propre fantôme.

40:09

Pendant plusieurs secondes, elle se regarde prisonnière à des kilomètres de la retransmission, lointaine, dans l'univers inaccessible, inatteignable.

40:18

Douce, profonde, rocailleuse du chanteur fait son apparition au moment où clara découvre l'endroit où valentina est morte.

40:27

Arrivé par le nord.

40:29

Atteint notre seuil. Les chantiers et les usines déchirent ma ville en l'envoie. Dans le métro plongé dans le noir, on entend que le couinement des rats.

40:39

Valentina a été assassinée sur le canapé.

40:42

Tandis qu'elle était assise, s'apprêtait à s'asseoir ou à se relever?

40:46

Lucent a été projeté sur le tapis, à plusieurs dizaines de centimètres sur le mur, la table basse, l'écran du téléviseur, le magazine froissé répandu au sol, contemplant les éclaboussures, les couvertures criardes des tabloïds, les jetons ouverts laissés par la police, leur numéro clara réprima un haut-le-cœur ou se force à ne détourner ni la lampe torche.

41:06

Son regard se concentre sur le sang, les dessins qu'il forme, les paréidolie qu'il suggère, les histoires qu'ils racontent.

41:14

Se concentre sur la vieille valentina.

41:17

Que tout le monde appelait du bouscat.

41:20

Boisé.

41:21

Laisse les images pénétrer son esprit. Son ventre voudrait tenir à l'écart la tristesse, mais les larmes la traverse de part en part, affluent de la terre depuis des myriades de fissures dont elle constitue le centre. Le point de regroupement monte à travers son corps, jaillissement dirigé vers le ciel.

41:37

Foudre à l'envers dont elle est le chemin, le canal.

41:40

Elle pleure ce qui lui semble de longues minutes, secouée de sanglots silencieux jusqu'à ce que le morceau se termine.

41:47

Avant de pénétrer dans la chambre, on clara foods une nouvelle fois dans son sac. La cassette qu'elle chope au hasard colle parfaitement toundra ghost de sibérien yaka, qui mélange transe, chamanique, audi, phonique, venu des tréfonds de la gorge. Le fameux coup mis de la musique mongole: rythmiques, techno, indus, punk.

42:07

Guitare, basse, instruments traditionnels, trafiqué à coups de pédales, d'effets, machines en tout genre, boucles triper, montée sauvage. Dès le premier morceau, clara se sont embarqués dans une toute autre ambiance, comme si, d'un coup, le fantôme de valentina, où tous les autres fantômes attachés à ce lieu depuis des siècles, des millénaires, vous souhaitez enfin la bienvenue.

42:28

L'album porte bien son nom.

42:30

Il s'agit d'une cérémonie funéraire joyeuse.

42:33

Un chemin entre les plans d'existence où chaque chanson sert de passerelle aux esprits.

42:38

Clara n'écoute pas souvent ce groupe, jamais toute seule. Les fois précédentes, c'était à l'initiative de diktat. En bouffant, des kilos de lsd décollait dans le cosmos. Ça faisait des confidences incroyables pour renouer avec leur vie antérieure. Danser sur des pelles, tomber amoureuse redevenait meilleure amie, soeur éclatait les portes de la perception à grand coup de tatane.

42:58

Provenait de chaque excursion, épuisés mais ravis.

43:04

Elle ne ressent plus d'oppression ni de tristesse. Ciotti, tournis, cote, comme une gamine se trouve soudain ridicule avec sa lampe torche, masquée d'une serviette, avec sa musique dans les oreilles. C'est une fête pour une veillée funèbre, ni un putain de cambriolage.

43:19

Elle va récupérer le ghetto blaster dans lequel elle enfourne la cassette. Même repassé devant de la scène de crime proprement dite ne lui fait pas si peur que ça. Elle éteint la lampe. On revient dans la chambre, cherche l'interrupteur. À la place, découvre deux potard qu'elle tourne à fond. La lumière jaillit, éblouissante. Elle enveloppe le lit d'une brume rouge.

43:39

Ouch orangée ou poudreuse, tandis que le reste de la pièce baigne dans une teinte aquatique bleu-vert. L'ensemble saisissant théâtral onirique éblouit clara. Elle tourne les boutons dans l'autre sens pour diminuer l'intensité. La lumière devient légère, voilée, soyeuse.

43:59

Elle juge ça d'une beauté folle, d'une classe incroyable. N'en reviens pas qu'un endroit aussi chic, aussi sophistiqué, aussi exagéré existe à deux pas de chez elle, au bord de la zona.

44:13

La chambre ou comme la salle de bain, est d'une propreté exceptionnelle.

44:18

Elle imagine un instant que, pour une raison obscure, l'assassin a tout briquet?

44:23

Mais non, la vérité est plus simple. Valentina passait le plus clair de son temps ici. C'était son qg, le centre de son existence. Elle se foutait pas mal de la salle à manger et encore plus de la cuisine. Un lit rond occupe la quasi-totalité de la surface. On distingue à peine la présence du tapis. Une armoire à portes coulissantes est coincée contre.

44:43

Mur, un bureau contre un autre, une bibliothèque contre le troisième, masquant une fenêtre. Ou croit se souvenir, clara?

44:52

Elle ne sait pas où regarder, tellement tout ce décor lui semble dingue.

44:56

Mais c'est l'odeur qui la frappe d'abord, celle d'un lieu clos, jamais aéré, où quelqu'un a dormi, baiser, fumer. Parfum de sueur de corps, de sexe, de sperme. Nous senteurs de baise strictement masculine, ds anus de renfermé et de shit de tabac, un cocktail très puissant qui lui plaît beaucoup, fumé, vigoureux, de spectre bien vivant.

45:16

Qui va à pleins poumons.

45:18

En levant les yeux pour chercher la source de la lumière, elle constate que le plafond est décoré d'une fresque baroque ultra détaillée.

45:26

Au centre, là où sont branchées les spots.

45:29

Ce qu'elle prend d'abord pour une sorte de soleil noir volcanique est en réalité un anus ultra dilaté qui éjecte, à la manière d'une corne d'abondance, des hordes de démons, de monstres, d'anges, de créatures de toutes sortes, de toutes tailles, humanoïdes ou non. Les personnages pourvus d'un énorme chibre baise entre de toutes les manières. Imagine.

45:49

Able. Comme si ça ne suffisait pas, de ce gigantesque fion céleste que clara contemple abasourdi en luttant contre un fou rire admiratif, valentina était vraiment taré total respect. Jaillissent aussi des dizaines de lianes épaisses, noueuses, tordues, garnies d'épines, qui s'enroulent de partout.

46:09

S'accrochent aux chevilles, aux cuisses, aux buts, aux hanches, au cou.

46:14

Clara s'allonge sur le lit. Comment faire autrement? il est trop tentant. Trois mètres de diamètre, un matelas quatre fois plus épais que le sien, des draps en satin pourpre constellé de taches ou douteuses- valentina n'était pas si soigneuse, finalement. Rien que le bruit quand on s'enfonce là-dedans. Le frou-frou du satin.

46:33

Cependant, elle n'y reste pas longtemps, impossible. Le bureau la tire trop le bang. Bien sûr qu'elle a aperçu, décalé, ouvert la porte de la chambre, mais aussi le poste jumeau de leur ghetto blaster, les cassettes bien alignées, quand elle s'approche du bang, en verre noir, transparent.

46:50

Je l'avais supposé de loin. Je confirme, il s'agit bien d'une tab stylisée. Voyez, au niveau des couilles, joufflu, évidemment, on tire la douille par le gland, ouvert, comme c'est pas permis, évasée comme une boîte de soda.

47:03

Clara regrette de ne plus rien à voir sur elle, hésite un moment à embarquer l'objet en souvenir, trouve finalement sa sacrilège. Le repose à sa place.

47:13

Les cassettes, en revanche, pas moyen de faire autrement que se servir uniquement des trucs qu'elle ne connaît pas, qui ont l'air dingue. La première qu'elle essaie, un certain arsenic, havre, amorphe, mal, ne comprend rien, écoute fasciné ce morceau.

47:28

Même pas si le mot est approprié. Ça dure trente minutes. Construit à base de tirs de canon, sirènes d'usine, alerte à la bombe, cul bordeaux. Tres vieilles chansons sont déformées.

47:38

C'est quand elle lit sur la jaquette- en quelle année le truc a été créé qu'elle tombe à la renverse. Mille neuf cent vingt deux.

47:45

Après ça, c'est razzia. Pour le reste de la collection, elles terminent toutes dans son sac. Pas de pitié. Si le reste des cassettes est seulement à moitié aussi bien que ce machin qui s'intitule la symphonie des sirènes, ou composer quand son grand-père était gamin, elle n'aura pas perdu sa journée.

48:01

La bibliothèque la fascine un moment aussi. Uniquement des bouquins de cul, dans toutes les langues, des trucs parfois vraiment corsé illustrés. On comprend bien ce que raconte l'histoire, même si elle n'est pas écrite en russe. Les animaux de la ferme ne servent pas que de décor. La lecture, c'est moins sa passion, elle laisse les bouquins à leur place.

48:20

Ça la met en joie, l'iran d'une énergie folle d'imaginer que quelqu'un ait pu vivre d'une manière aussi hors-norme, aussi cinglée, tout en n'existant parmi eux, en achetant ses conserves à l'épicerie, tout en disant bonjour, tout en restant un être banal du quotidien ordinaire.

48:36

Si, derrière les apparences, on peut posséder un iront ou passer ses nuits à y baiser, dans une lumière de boîte de nuit, sous un trou du qg, en chiant des hordes de démons, la vie vaut finalement la peine d'être vécue.

48:49

Quand clara fait coulisser l'ouverture de l'armoire, elle éclate de rire, applaudit, se renverse en arrière sur le lit. Des robes de femmes, des sous-vêtements de femmes, de la lingerie française.

49:00

C'est le mot qu'on emploie à merde rhodes pour désigner des accessoires sexy: des bas, des porte-jarretelles, des strings, des culottes, des bodys, des choses dont elle ignore le nom. Assemblage de lanières de boucles de dentelle totalement porno, des chaussures à talons, des bottes en cuir, certaines franchement de l'espace, des trucs ci-haut moulant ou biscornu.

49:20

Je ne voit pas comment un humain normalement constitué peut marcher avec il faut des pieds, des talons, des chevilles, fabriqué en laboratoire, tout un tas de choses qu'on n'a jamais vu la vieille porter pour aller faire ses courses.

49:31

La vieille qui, vu d'ici, ne paraît plus si vieille que ça. Quel âge elle a d'ailleurs. Avait ce corrige clara, qui se souvient d'un coup qu'elle n'est pas en visite chez une tante excentrique, mais dans la maison d'une morte, d'une assassinée dont elle ne connaît ni l'âge ni le nom réel. Des perruques, des fossiles, des faux ongles, parmi

49:52

Voilà quelques trucs normaux. Clara est sûre d'avoir vu valentina avec d'autres d'une extravagance absolue, même la plus délurée des drag-queens. Réfléchirai à deux fois avant de se lancer dans une aventure pareille.

50:03

C'est valentina son vrai nom. Elle dit à voix haute:

50:07

C'est celui qu'elle a choisi, le reste, on s'en fout. Savoir la véritable identité, la date de naissance des gens, c'est un truc de flic. Qu'ils aillent niquer leurs mères tous.

50:16

Les vêtements garnissent la partie droite de l'armoire. La partie gauche est consacrée aux accessoires sexuels: gode vibro de toutes tailles, toutes couleurs, avec ou sans réservoir à faux sperme, avec ou sans poire pour l'éjaculation, rangés verticalement comme des bouteilles d'alcool. Masturbateur, bouche a pipe, faux anus ont plus ou moins réalistes.

50:37

Motorisé ou non, lubrifiant de diverses sortes, huiles ou pinces à tétons à couilles, délicatement posée sur un écrin de satin noir façon bijouterie, bâillon, boule, boule de geisha anales qui se présentent comme des chapelets de différents diamètres, depuis la belle olive jusqu'à la balle de tennis, badine, fouet ou chat à neuf queues accro.

50:57

Chez un atelier. Il n'y a qu'à se servir cage de chasteté doré, noir, chromé, plus ou moins contraignantes, pinces crocodiles reliées à des fils noirs, branché à une batterie, rangés dans les boîtes à chapeaux, d'abord, où clara ne pige pas, puis finit par comprendre que ça sert a électrocuté les couilles ou les tétons. Ça la fait marrer, ce type.

51:17

Sont totalement tarée. Elle adore, elle est en train de tomber amoureuse de ce cinglé. Valentina est maboul, ses copains sont mabouls. Elle regrette de ne pas les avoir connus, se promet de ne plus rater ce genre d'occasion. Se promet d'aller faire amitié avec tous les flics qui croiseront son chemin des andes.

51:35

Ça, c'était pour les deux étagères du dessus. Les deux du dessous sont occupées par des paires de nichons en silicone. Plus vrai que nature. Magnifique, du plus petit au plus gros, du plus ferme aux plus tendres, tétons court, pointu ou alors démesuré, de vraies petites tubes. Certains s'accrochent avec un harnais, d'autres avec une sorte de colle, comme les fausses barbes.

51:55

Aaaah, les touches.

51:56

Botte carrément. Sensation super troublante: ils sont à la température de la peau, paraissent vivants. Elle se dit que désormais, ils ont l'air plus vivants que valentina elle-même l'imagine. Froide, fred, dure dans un sous-sol de l'hôpital, ou chasse d'idée, ou chope. Une paire de boots, l'aimer par-dessus les siens, sa bonne humeur revient d'un coup une idée géniale.

52:16

Lui plop ton crâne. Elle choisit les sous-vêtements, les vêtements, la perruque, les ongles et si les seins disposent tous, levi reconstitue valentina. Plusieurs valentina: une classique pour sortir en ville, d'autres de plus en plus bizarre farfelue réservée aux mystérieux rendez-vous nocturne.

52:34

Oula a l'impression de mieux la connaître au passage. Elle met en marche des vibros mi effrayés, mis morte de rire par les soubresauts de certains engins qui ressemblent plus à des instruments de torture qu'à des sextoys.

52:46

Vous ne lui vient pas à l'esprit de les essayer, pas ce soir en tout cas, mais elle prouve que ce sont des jouets débiles. Mange agneau.

52:54

Quand elle a terminé ses assemblages, ça lui parait très beau: les silhouettes en creux de toutes les valentines. Impossible, c'est valentina encore, mais ça n'est pas grave. Le corps, c'est justement ce qu'elle n'aimait pas. Elle la comprend désormais, où clara, elle comprend valentina.

53:09

Loin d'échapper à la chair naturelle triviale, l'enveloppe physique. C'est à ça que s'est attaqué le meurtrier.

53:16

C'est par ce biais qu'il a voulu l'atteindre, la détruire. Mais cet imbécile n'a rien compris. Rien compris du tout. Pour détruire valentina, c'est pas son ventre, ni sa gorge il fallait ouvrir à coups de couteau. Mais les robes, les strings, les faux nichons, les godes, c'est pas le sens qu'il fallait répondre, mais le faux sperme, le lubrifiant, les huiles parfumées destinées aux massages érotiques, la.

53:36

Fassin est un con qui n'a rien pigé, rien.

53:41

Valentina vit toujours en autant d'exemplaires, en autant de versions d'elle-même qu'elle le veut.

53:47

Clara, seul un sacré bordel en jouant à la poupée.

53:50

La cassette d'enseigner à brahma nous tourne en boucle.

53:54

Mode autorisé à s'enclencher. Les autres morceaux sont du même acabit. Parfait pour cette drôle de nuit.

54:00

Quel dommage qu'il n'y a pas de shit. Impossible que cette foutue baraque n'en contienne pas. C'est en retournant les tiroirs à la cuisine, au salon, que clara tombe sur les deux derniers trésors de la soirée jusqu'à l'aube, en tirant des bangs avec la bite en plexiglas. Quoi? elle a finalement débusqué la réserve, s'il y a de quoi se mettre la tête.

54:20

A l'envers pendant un moment.

54:22

En écoutant les cassettes de valentina, principalement de la disco, de la house, de la tech, mais pas du tout le brice tête habituelle des trucs plus mousse, à la limite du kitsch, de la synthpop marrante. Tout un tas de groupes dont elle n'a jamais entendu parler, mais dont elle comprend les liens avec ceux qu'elle connaît. Merci qu'avec ta pour m'avoir éduqué les ans.

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Reyes explore fasciné les albums, photo planquée sous l'évier, dans la sacoche en cuir derrière les serpillières. Les détergents, les bouteilles vides.

54:51

Les policiers ne sont vraiment pas fait chier à fouiller cette troupe de baltringues.

54:56

Le premier volume commence à la fin des années cinquante. Le quatrième, aux dernières pages vierges, se termine quelques jours avant la mort de valentina.

55:05

Vers des trois quarts du premier album qu'elle ouvre au début des années quatre vingt dix. Une photo fait ressurgir un souvenir oublié: une dame bien habillée- manteau de fourrure, coiffure impeccable, maquillage sobre, un petit chien ridicule au bout d'une laisse, repose devant une boutique de vêtements de luxe. Cette dame, valentina évidemment.

55:25

Sourire théâtral, regard pétillant de malice. Clara la connaît mal.

55:29

Traînait devant la chocolat quand il avait six, sept ans.

55:33

Y a des friandises à tout le monde. Des gamins l'adorais, les parents un peu moins. Il la regardait bizarrement comme une dingue pas dangereuse. Mais louche, tout de même se méfier un peu.

55:44

Un grand sourire éclaire le visage de clara à l'évocation de ce souvenir. La dame aux bonbons, elle se remémore même l'odeur capiteuse sucrée de son parfum.

55:54

Valentina.

55:56

Beaucoup de photos, la montre en version, dame respectable clara les contemple en éprouvant un mélange de nostalgie, d'amour, de grande tristesse. Ça n'est pas seulement la vieille travesti qui se fait assassiner, mais aussi la gentille dame qui lui filait des bonbons quand elle était petite.

56:13

Le reste des albums offrent une balade unique à travers l'homosexualité underground, l'ennui et ramsès. Fêtes clandestines, travesti, orgies, photos érotiques ou franchement porno. Valentina en hommes, en femmes, en créature lubrique au genre indéfinissable: paillettes, plumes, feuilles d'or, déguisements thématiques, la rome antique, la.

56:33

La belle et la bête, le goulag ou l'inquisition des délits en asie: satanique, bdsm, cuir, latex. Les quatre volumes renferme des centaines de photos prises dans des appartements banals ou volets fermés, des caves sordides, des cimetières en pleine nuit, des lieux désaffectés que clara identifie parfois ruine du champ.

56:53

Sentiers, baraquements de la zona berges de la saki land, à l'extérieur de la ville, à l'abri d'arbres pelés.

57:01

Bord de mer, ou quelques-unes même dans d'autres pays: pologne, allemagne, france, italie. C'est marqué au dos avec les années mille neuf cent soixante neuf mille neuf cent quatre vingt deux mille neuf cent quatre vingt onze mille neuf cent quatre vingt dix huit. C'est un drôle de voyage.

57:16

Jusqu'à une date récente.

57:18

Il risquait la prison à vie pour faire ce qu'il faisait, dans le meilleur des cas, de nombreuses années en hôpital psychiatrique, soignés de leur perversité a good douche glacée ou d'électrochoc. Une des séries qui la désarçonne le plus montre valentina: quinze, seize ans, l'âge de clara, pas encore travesti, il est mince.

57:38

Imberbe, en compagnie d'une demi-douzaine de jeunes de son âge, mais aussi d'une dizaine d'adultes costaud poilu, tout le monde est nu au bord d'un lac. Ambiance en apparence nudiste sportive. Cependant que les clichés suivants ne laissent aucun doute sur les activités qu'ils pratiquent.

57:55

Cla éprouve un mélange d'émotions complexes.

57:58

Je ne sait pas très bien par quel bout les saisir.

58:31

C'est la fin de cette émission, car vous bouquine avec valentina dans l'univers de berthe zec corrode de christophe guibert, aux éditions au diable vauvert.

58:43

Je n'ai pu m'empêcher de penser à l'escapade andalouse de serge gainsbourg dans la chambre de taille, à la découverte de ce lit rond ou tout, de satin noir.

58:54

Description dans cette chambre particulière.

58:58

Je ne sais pas si de fraises à braise il y a eu une coquille, mais je sais le talent et l'écriture haletante, intense, sombre, mais toujours un peu lumineuse, ou toujours- du camarade cyber.

59:13

Un vrai attachement aux musiques marginales, j'ai dû faire un choix esthétique musicale autre que la playlist proposée tout au long de l'ouvrage et à sa liste, qu'on retrouve en annexe, l'alphabet cyrillique n'aidant pas tellement vrai. Bel hommage à toutes les jeunesses du monde, celle qui s'éclate, éclaté.

59:34

Mais qui devine déjà les enjeux qui dessinent leur avenir.

59:38

J'espère vous avoir diverti. Je sais que toutes les valentina sont belles: bouquin, bouquine. Un podcast à retrouver, à partager, à commenter partout. A bientôt, bon courage.

59:50

Révolte gronde alors gaulée. Bien à vous bonne lecture.

59:56

Ciao.

59:57

Bah.